Le PIB en France et dans les pays de la zone Euro s’est franchement amélioré au cours des trois mois d’été. Néanmoins, le niveau de l’activité reste un peu en dessous de 4% de la moyenne de 2019 à la fin du 3ème trimestre. Seule l’Espagne, parmi les grands pays, a une contraction voisine de 9%.
Tous les pays européens vont entrer dans de nouvelles contraintes sanitaires provoquant une contraction de l’activité sur les trois derniers mois de l’année et un acquis de croissance pour 2021 qui pourrait être négatif. En France, Bruno Lemaire attend une contraction de -11% en 2020 soit au moins -9.5% au dernier trimestre et un acquis de -3% pour 2021.
Le PIB français a fortement rebondi au 3ème trimestre 2020. Il a augmenté de 18.2% après un repli historique de -13.7% pendant les 3 mois du printemps. Par rapport à la période d’avant crise sanitaire (dernier trimestre 2019) le PIB est en retrait de -4.1%. Le choc reste très important surtout lorsque l’on rentre dans un nouveau confinement.
Les mesures de croissance se basent sur la moyenne annuelle, donc par rapport à la moyenne 2019, l’acquis de croissance pour 2020 est de -8.3%. En d’autres termes, si l’activité au T4 restait au niveau du T3, l’activité se contracterait de -8.3% en 2020.
Le confinement va rajouter des points négatifs. Bruno Lemaire s’attend à une contraction de l’activité de -11% sur l’ensemble de l’année. Le calcul suggère alors une contraction d’au moins -9.5% au dernier trimestre 2020. C’est moins que ce qui avait été enregistré pendant le confinement du printemps mais c’est un chiffre très fort. Dans ce cas, en effet, l’acquis de croissance serait de -3%. Avoir un chiffre de croissance positif en 2021 devient désormais un vrai défi. Il faut pour rester sur une dynamique robuste dans la durée que le rebond au premier trimestre 2021 soit comparable à celui constaté au troisième trimestre 2020 et que vient de publier l’Insee. Le défi pour tous et pour le gouvernement sera de favoriser ce rebond qui permettrait d’effacer l’impact du nouveau confinement. C’est un enjeu sur l’emploi qui sera au cœur du rebond à venir.
La lecture du chiffre de croissance en France
La demande privée s’est fortement reprise au cours des mois d’été. La consommation de biens est à un niveau très élevé. Les dépenses en biens sont supérieures à celles du dernier trimestre 2019 et ce en dépit du repli observé au mois de septembre. En revanche, les dépenses dans les services sont encore en retrait. Les services sont les secteurs les plus pénalisés dans la crise tant par les contraintes légales que par la réticence des français à les utiliser.
L’investissement des entreprises s’est amélioré au troisième trimestre.
Au total, la demande privée reste encore en retrait de son niveau d’avant crise. Au troisième trimestre, elle est encore-1.6% en-dessous de la mesure de la fin de l’année 2019. Le confinement nouveau va provoquer un nouveau repli de cette demande privée.
Les deux autres grands postes dans la décomposition du PIB ont aussi eu des contributions positives. Les dépenses du gouvernement et le commerce extérieur avec un fort rebond des exportations ont tiré le PIB à la hausse. Les stocks ont eu une contribution nulle.
La dynamique européenne
Les chiffres d’activité ont tous rebondi fortement au troisième trimestre au sein de la zone Euro. Cependant, les profils ne sont pas exactement les mêmes. En France et en Italie, comme pour la zone Euro, le chiffre du troisième trimestre est, en valeur absolue, supérieur à celui du printemps. Le rattrapage est brutal. En Allemagne et en Espagne, le chiffre du troisième trimestre est un peu plus faible, en valeur absolue, que celui du deuxième trimestre.
On constate néanmoins une forte convergence dans la performance du PIB à la fin du troisième trimestre à l’exception de l’Espagne. Ils sont tous à un peu plus de 4% en dessous de la moyenne de 2019. C’est ce que l’on voit sur le graphe. Seule l’Espagne est à quasiment -9%.
Tous ces pays sont entrés à la fin du mois d’octobre dans une période de contraintes sanitaires supplémentaires. L’activité va donc se contracter au dernier trimestre de cette année, provoquant, comme pour la France, un acquis de croissance très faible voire négatif pour 2021. Le taux de chômage qui a continué de progresser en septembre à 8.3% va encore se dégrader en 2021.
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