Les élections américains se placent en pleine récession. Par le passé, cette dimension économique de l’élection a toujours fait basculer la couleur du locataire de la Maison-Blanche.
Sur le plan économique, le bilan de D. Trump est mitigé. L’amélioration conjoncturelle s’est faite par le creusement d’un fort déficit public et la tendance isolationniste des USA s’est encore renforcée. La question est celle du changement possible sur ce dernier point en cas de victoire de Joe Biden?
L’élection présidentielle américaine se tient le 3 novembre. C’est une élection qui a lieu alors que l’économie américaine est dans sa récession la plus profonde depuis la seconde guerre mondiale et dans une crise sanitaire sans équivalent.
Depuis 1950, lorsqu’une élection présidentielle a lieu pendant une récession, la couleur du locataire de la Maison Blanche change. En 1960, J.F. Kennedy l’emporte et succède à Eisenhower qui a été le président républicain pendant 2 mandats. En 1980, Ronald Reagan succède à Jimmy Carter après un mandat et en 2008, Barack Obama remplace G. Bush Junior après un seul mandat. En 2020, cette régularité se répètera-t-elle ? C’est la question posée aux électeurs US.
La dimension économique de l’élection américaine est importante historiquement. Un économiste de Yale, Ray Fair, a un modèle pertinent sur le résultat des élections en fonction des grandeurs macroéconomiques habituelles telles que la croissance par tête et l’inflation. Ne négligeons donc pas les données économiques même si la problématique apparait plus complexe puisque la société américaine semble très divisée et très polarisée. L’accentuation de la polarisation suggère que le résultat pourrait ne pas être avalisé comme par le passé. Ce phénomène n’est pas nouveau mais s’accentue dans le temps.
Quelle lecture économique de la présidence de D.Trump ?
Donald Trump a souvent évoqué la robustesse de l’économie américaine sous son mandat. En mettant la crise sanitaire à part mais qui est une vraie question aux USA , on observe effectivement une baisse considérable du taux de chômage américain sous le mandat de Trump. Mais cela s’est fait au prix d’un déficit public considérable. Depuis 1960, sur le graphique, on observe que les deux indicateurs, taux de chômage et solde des finances publiques, reflètent le profil du cycle économique.
Après la crise de 2008/2009, le déficit public reste fort mais il s’accroît rapidement avec l’arrivée de D.Trump à la Maison Blanche. Le déficit public ne reflète désormais plus le profil du cycle économique. L’équilibre de la croissance économique américaine est rompu.
Le succès de Donald Trump n’est alors plus aussi convaincant.
L’autre dimension de la politique économique est son isolationnisme et les tensions avec les partenaires des Etats-Unis. Sur le premier aspect, l’idée de Trump était de rapatrier les emplois des entreprises américaines dans le monde. Cela n’a pas franchement fonctionné. L’idée était de fabriquer aux USA et de réexporter pour que les gains liés à l’activité soient directement perçus sur le territoire américain. Lorsque l’on observe l’allure des exportations américaines, on ne peut pas être convaincu par le succès de l’opération. L’autre dimension est celle des relations avec la Chine. De longue date, Chinois et Américains ont des relatons conflictuelles. Auparavant, les discussions portaient sur le taux de change du renminbi mais sous la présidence Trump, la situation s’est focalisée sur la concurrence technologique. En phase avec le premier point mentionné, le souhait de Trump était de rapatrié l’emploi et l’activité aux USA pour que les Chinois n’y aient pas accès et ne puisse pas prenant l’ascendant sur les US. Cela n’a pas plus fonctionné.
La dernière dimension est celle du poids des Etats-Unis dans les institutions internationales. La Maison-Blanche a remis en cause l’appartenance et l’implication des USA dans nombre d’entre elles. L’Organisation Mondiale du Commerce, l’Organisation Mondiale de la Santé ont été fragilisées par la stratégie américaine. Sur le plan politique aussi, cet isolationnisme a marqué la présidence Trump. Les relations avec l’Europe, via l’OTAN se sont dégradées et les USA sont moins présents dans le monde. La présence des troupes américaines dans de nombreuses régions du monde, au Moyen Orient par exemple, est une question majeure sur l’ordre politique qui prévalait et sur l’équilibre à venir.
Quel changement attendre ?
Le maintien de Donald Trump à la Maison Blanche accentuerait l’isolationnisme des Etats-Unis et une moindre contribution américaine aux institutions internationales au risque de détricoter le cadre qui avait permis le développement de l’activité depuis la seconde guerre mondiale. C’est un risque pour les européens.
L’arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche permettrait aux USA de revenir dans l’accord de Paris sur le climat et d’éviter le détricotage des institutions internationales. Mais les relations avec la Chine et la tendance plutôt isolationniste des USA, visible avant Trump, ne seraient sûrement pas remises en cause.
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