Pour faire court, on pourrait dire, ex post, que si la COP26 portait les espoirs sur l’allure de la planète dans la durée, elle a été prise de vitesse par la nécessité du retour de la croissance après le choc pandémique.
L’épidémie a été un tel choc négatif que personne n’a été trop regardant dans l’immédiat puisqu’il fallait retrouver de l’expansion et l’emploi associé afin de rapidement normaliser l’économie.
Toutes les méthodes ont été bonnes y compris l’utilisation à outrance des énergies fossiles puisque la demande de pétrole sera en 2022 à un niveau record. En d’autres termes, aucun gouvernement ne souhaitait prendre le risque de ne pas tenter de revenir sur le niveau d’activité de 2019 pour mettre la pandémie derrière nous. Et tant pis pour l’utilisation des énergies fossiles dont on sait que leur consommation doit baisser radicalement pour respecter la neutralité carbone.
La question du changement climatique et des engagements pouvant y être associes devenait alors très complexe. En effet, aucun pays n’est prêt a s’engager à réduire, là maintenant à Glasgow, ses émissions de Gaz à Effet de Serre (GES) selon les exigences d’un objectifs à 1.5 degrés au dessus de la moyenne préindustrielle. Rappelons que pour atteindre cet objectif, l’ensemble des pays du globe doit réduire ses émissions de GES de 45% entre 2010 et 2030. C’est une rupture dans laquelle personne ne veut s’engager. On sera probablement autour de 10% sur la période en prenant en compte les derniers engagements pris pour la période à venir. L’objectif de 1.5 degrés apparaît de plus en plus virtuel.
La rupture pour tendre vers l’objectif collectif défini dans l’Accord de Paris aurait été trop brutale et aurait pris le contrepied de tous les efforts de politique économique faits depuis le début de la pandémie et visant à limiter l’impact de celle-ci sur les grands équilibres macroéconomiques.
Il n’empêche que l’on ne peut pas se départir de l’idée que le climat est surtout important pour les autres. Pour ceux qui émettent davantage, pour ceux qui viendront après nous , on peut trouver tous les prétextes parce que chacun redoute qu’un changement radical dans les émissions de GES et dans l’utilisation des énergies fossiles soit trop pénalisant pour la croissance immédiate. Les études savantes montrent que l’on pourrait croître en émettant moins mais personne ne veut prendre ce risque puisque l’activité économique depuis la révolution industrielle est conditionnée par l’utilisation des énergies fossiles.
Il sera toujours temps d’y penser plus tard puisque l’engagement formel pris est la neutralité carbone à l’horizon 2050. Puisque c’est l’objectif ultime, il doit être possible de continuer comme avant pendant encore un petit moment.
Cette situation trahit la fragilité de l’Accord de Paris qui finalement s’inscrit dans le volontariat des pays à réduire les émissions de GES. Dans l’Accord de Kyoto, il y avait des objectifs à atteindre et cela était plus contraignant. C’est la raison pour laquelle le mode a changé afin que les décisions restent à la main de chacun des pays. De ce point de vue, l’accord enfin trouvé sur le marché du prix du carbone est significatif. Ce prix permettra,in fine, d’orienter les investissements et les activités. Il montera normalement avec le temps et le bon équilibre sera trouvé.
Le prix du carbone sera le signal tant attendu pour agir de façon rationnel. On ne sort pas du modèle néoclassique dans lequel le signal prix est le plus important, celui qui détermine tout.
La COP26 n’a débordé en rien le cadre existant. On eusse aimer qu’il y ait quelques agitateurs pour faire bouger davantage les lignes. L’image qui restera est celle de ce ministre des îles Tuvalu qui, les pieds dans l’eau, faisait un discours sur les risques du dérèglement climatique pour les îles soumises à la montée des eaux des océans. L’image a amusé mais qu’est ce qui changera pour les îles Tuvalu à l’issue de cette COP 26, rien sauf peut être un début de prise de conscience collective. Si c’était le cas, la COP26 pourrait être considérée comme un début de succès.