Le sommet du G20, qui se tiendra en Inde les 9 et 10 septembre, se situe entre la réunion des Brics, à Johannesbourg en Afrique du sud qui s’est tenue du 22 au 24 août, et la COP28, qui se déroulera à Dubaï du 30 novembre au 12 décembre.
En Afrique du sud, le groupe des Brics s’est élargi passant de 5 à 11 membres et incluant désormais d’importants producteurs de pétrole comme l’Arabie saoudite, l’Iran et les Emirats Arabes Unis à côté de la Russie membre fondateur des Brics. Les Brics à 11 sont, potentiellement, une puissance pétrolière. Le graphe sur le poids de ces 11 pays sur le marché pétrolier parle de lui-même.
A Dubaï, la question majeure portera sur le statut des énergies fossiles et notamment une date de sortie du pétrole. C’était déjà un enjeu de la COP27 qui, hélas, n’avait pas été validé mais que les européens notamment poussent dans la négociation préparatoire à la COP28. Agnès Pannier-Runacher a évoqué cette question il y a quelques jours sans pour autant, dès maintenant, donner de date de sortie.
Dans un article du Times de Londres, et en préparation du G20, le premier ministre indien Narendra Modi s’est inscrit dans la perspective du changement climatique.
Il a indiqué deux points :
Le premier est de ne pas rentrer dans la stratégie de décarbonation à tout prix souhaitée par les occidentaux. Il aurait fallu, pour accepter un tel plan, dit-il que les occidentaux versent les 100 Mds de dollars promis aux pays émergents pour les aider dans leur transition énergétique.
Le second porte sur l’arbitrage entre réduction des émissions de Gaz à Effet de Serre (GES) et développement. C’est une thématique récurrente des pays du sud qui ne veulent pas être pénalisés dans leur expansion alors que le stock de GES dans l’atmosphère provient du développement des occidentaux.
Le ton est donné et comme l’indiquait l’agence Reuters, les discussions entre les sherpas du G20 (ceux qui préparent la réunion pour le compte des gouvernements) ont été tendus sur les problématiques de cet arbitrage.
Narendra Modi est dans son rôle de leader des pays du Sud. Il est fort des soutiens obtenus lors de la réunion des Brics et du succès de la réunion organisée par l’Inde en direction des pays du sud (Voice of Global South Summit) avec 125 pays participants.
Mais il est aussi un leader qui compte sur ses partenaires. L’Inde a refusé avec la Chine et l’Arabie saoudite, deux autres membres des Brics, de valider un objectif de réduction des émissions de GES à l’horizon 2035.
Le communiqué du G20 sera, en conséquence, une première mesure des tensions actuelles entre le Sud et le Nord sur la question climatique donnant ainsi le ton pour la COP28 de la fin novembre. Le point, s’il existe, sur les énergies fossiles aura forcément l’attention de tous.
La recomposition du monde entre le Nord et le Sud a des accents des années 1970. Mais aujourd’hui, le rapport de force a changé notamment sur l’énergie. Le Sud avec les Brics à 11 a gagné du pouvoir. Les occidentaux vont devoir définir une stratégie qui ne dépendra que d’eux. Cela va être intéressant.