La visite du président Xi en France doit être une opportunité pour discuter et négocier sur le déficit considérable de l’Europe face à la Chine, plus de 200 Mds d’euros en 2023.
La Commission Européenne a mis en place des jalons pour infléchir cette trajectoire. Du discours offensif de mars 2023 à la stratégie de de-risking et à l’enquête sur les subventions sur les véhicules électriques, la Commission se positionne.
Mais, cela n’est certainement pas suffisant et nécessiterait un fort ajustement monétaire pour réévaluer le yuan. L’enjeu des élections européennes sur ce dossier chinois est la nécessité d’agir de façon commune et en coopération avec la BCE.
Le Parlement qui s’installera à Strasbourg après le 9 juin aura la lourde mission de mettre en œuvre la stratégie de l’Europe vis-à-vis de la Chine. L’échange est aujourd’hui inégal puisque le déficit commercial de l’Europe vis-à-vis de l’Empire du milieu est supérieur à 200 milliards d’euros en 2023, après un dérapage en 2022 après la sortie de la crise sanitaire. La situation de l’Europe est opposée lorsque l’on regarde les US et la Chine. A l’excédent vis à vis de l’un répond un déficit considérable vis à vis de l’autre.
C’est cette question qui va être majeure lors des élections européennes. La Commission Européenne, sous l’impulsion de sa présidente, Ursula von der Leyen, issue du parti le plus représenté au Parlement, le PPE actuellement, a déjà mis en place des mesures pour altérer la situation actuelle. Du discours sur la Chine en mars 2023, à la stratégie de de-risking et à l’enquête sur les subventions sur les véhicules électriques en octobre 2023, les jalons sont posés pour réduire la dépendance vis-à-vis des produits chinois.
Le discours était une déclaration de combat pour définir la situation économique et politique, avec un mode de décision très centralisé, tout en prônant la nécessité d’y faire face à 27. La stratégie de de-risking consiste à réduire la dépendance vis-à-vis de la Chine. L’objectif n’est pas de s’en dissocier, ce serait déraisonnable en raison de la dépendance de l’Europe, mais de limiter le risque en élargissant les sources d’approvisionnement afin de ne pas être dépendant d’un seul fournisseur.
La situation la plus complexe actuellement porte sur les véhicules électriques. Ils ont envahi les ports belges avec des parkings remplis de véhicules chinois qui peinent à s’écouler. Le marché européen a changé, notamment avec la réduction des subventions à l’achat en Allemagne. Mais, ces automobiles qui se vendent plus cher en Europe que sur le marché local chinois sont largement subventionnées par l’État chinois. La Chine avait pris, il y a plusieurs années, le virage de l’électrique et a désormais une avance importante. Les constructeurs tentent de faire main basse sur le marché européen, où les constructeurs n’ont pas été les plus réactifs face à cette menace. La riposte de von der Leyen est un premier jalon, même si elle ne doit pas dédouaner les constructeurs européens.
Tout cela n’est pas encore suffisant au regard de la puissance chinoise et de la nécessité de revigorer l’offre européenne pour équilibrer davantage les positions. Il n’empêche que c’est une prise de position cohérente même si elle peut paraître un peu tardive.
L’enjeu des élections européennes est de savoir si le consensus qui s’est construit autour du dragon chinois sera maintenu. Pour l’instant, la campagne électorale autour des Européennes ne porte pas franchement sur ce thème. Ainsi, cette question a-t-elle été abordée lors du premier débat en France, mais sans vraiment rentrer dans le détail d’un dossier que les candidats ne connaissaient pas en profondeur.
Face à la dépendance de l’Europe, il faut prendre des mesures pour limiter les déséquilibres résultant de la délocalisation de la production manufacturière vers l’Empire du milieu. Mais cela ne sera pas suffisant. Le déficit extérieur européen s’est creusé sans que la parité du yuan ne soit vraiment affectée. La parité face à l’euro est la même qu’en 2013. La Commission et la BCE doivent s’unir pour une réévaluation du yuan qui permettrait de rééquilibrer les échanges. Pour réussir cela, l’ensemble des pays européens doivent être unis. Il est là l’enjeu des élections européennes