En août 2013, Xi Jinping, conceptualisait sa vision d’Internet en tant que principal champ de bataille de lutte pour l’opinion publique. Xi représentait cet espace en trois zones :
Une « zone rouge », composée notamment des médias de propagande du PCC,
Une « zone noire », qui regroupe les « opinions publiques fabriquées par les forces hostiles » (ex. agences de presse occidentales), et dont l’objectif est de tenter de pénétrer dans la zone rouge.
Entre les deux se trouve une « zone grise », qui constitue le cœur du champ de bataille. Xi Jinping appelait alors à : « oser entrer dans la zone noire, pour nous battre, et la pousser progressivement à changer de couleur ».
À cette époque, Internet était principalement dominé par des acteurs américains : Facebook, YouTube, Twitter ou encore Instagram. Les trois premiers ont été interdits en Chine à partir de 2009 (2014 pour Instagram), mais des dizaines de millions de Chinois accèdent toujours à ces plateformes via des VPN. Leurs équivalents chinois (WeChat, Weibo, Kuaishou…) ont pour la plupart émergé au tournant des années 2010.
C’est, en 2012, que les premières « politiques d’enregistrement des noms réels » (RNR) ont été implémentées
Les RNR consistent en un ensemble de mesures qui contraignent les utilisateurs à fournir leur identité lorsqu’ils s’inscrivent sur des services en ligne, et sur des réseaux sociaux.
Ces politiques visent à interdire l’anonymat en ligne afin de maintenir un contrôle gouvernemental total sur les cyber activités de la population.
Aujourd’hui, les trois-quarts (75 %) des applications en ligne développées par des entreprises chinoises ont implémenté ces politiques
Ces contraintes isolent le cyberespace chinois en compliquant l’accès à ces plateformes pour les utilisateurs étrangers. De la même manière, elles placent les utilisateurs chinois dans une relation de dépendance vis-à-vis de ces plateformes — qui concentrent parfois des services essentiels à la vie en Chine, notamment WeChat. Ces derniers se trouvent parfois contraints de devoir s’excuser publiquement afin de récupérer l’accès à leur compte banni pour avoir critiqué le Parti ou Xi Jinping.
La politique de contrôle conduit à un déclin de l’utilisation d’applications chinoises : après avoir brièvement dépassé leurs concurrents américains en 2016, celles-ci connaissent une baisse de popularité depuis 2020.
En choisissant quels utilisateurs étrangers peuvent accéder à l’espace numérique chinois — les habitants de certains pays d’Afrique subsaharienne ou d’Asie-Pacifique peuvent s’inscrire sur certaines applications interdites aux utilisateurs européens —, Pékin dessine une nouvelle frontière dont les contours correspondent à sa sphère d’influence.
Même si les normes chinoises restent cependant, jusqu’à maintenant, largement circonscrites à ses frontières nationales
Source: legrandcontinent.eu Lien https://bit.ly/4eNErwc