Dans un post sur le blog de la BCE, son vice-Président Luis de Guindos présente les trois scénarios utilisés dans les stress tests pour mesurer la capacité de résistance du système financier pendant la transition énergétique.
Le cadre est celui du Fit-for-55 qui vise à réduire les émissions de GES de 55% en 2030 par rapport à 1990.
Trois scénarios sont proposés.
Dans le premier, les évolutions sont complexes mais coordonnées. Tous les acteurs jouent dans le sens de la réalisation du Fit-for-55. Les coûts associés sont limités mais traduisent la transformation du système productif, le basculement vers moins d’énergies fossiles et les besoins financiers modérés de cette transformation. Le coût associé est modéré. Il faut faire vite mais de façon ordonnée.
Dans le deuxième scénario, il y a une sortie rapide de l’industrie marron pour aller vers l’industrie verte (brown to green). En d’autres termes, il y a une accélération du basculement industriel, de la décarbonation parce que le temps presse et que les pays européens sont en retard par rapport à la trajectoire souhaitée.
Le coût associé est forcément plus important car la rupture a un impact sur les valorisations financières qui se dégradent.
Le troisième scénario reprend le deuxième et ajoute les éléments habituels du stress test soit une récession et une baisse du prix des actifs et de l’immobilier. Les coûts pour le système financier, forcément, s’accroissent.
Mais la conclusion du vice-président de la BCE est rassurant puisque le système financier a les capacités d’absorber le choc même s’il nécessite une grande attention pour ne pas déraper.
Commentaires:
Le scénario de référence de la BCE fait l’hypothèse que l’économie européenne est déjà sur la bonne trajectoire, celle qui mène à la cible de Fit-for-55. Mais, les données de l’Agence Européenne de l’Environnement ne valident pas ce repère. A politique inchangée, l’UE ne file pas vers la cible et même avec des mesures supplémentaires, du type engagements faits dans le cadre de l’Accord de Paris, ce ne sera pas le cas.
Pour atteindre effectivement la cible de 2030, il faudrait que l’économie change; qu’elle accélère ses transformations, bouleverse les systèmes existants et perde une partie de sa dépendance aux énergies fossiles. Cela ne peut pas se faire sans chocs marqués et durables.
Face à ces révolutions, le scénario 3 est probablement le plus réaliste. Mais alors de Guindos estime que le système financier est à risque.
Cela suggère qu’en raison d’aléas pouvant venir de l’économie globale, le système financier va être davantage bousculé. Le message très rassurant de la BCE ne peut l’être finalement. Le système financier devra faire face à un cadre plus volatil et davantage bousculé par la transition énergétique.
Il serait temps de s’y mettre.
Sources: European Central Bank Luis de Guindos Lien https://bit.ly/3VdRpw7