Dans un post un peu ancien, Branko Milanovic discute de la problématique posée par la décroissance. Cette question est généralement associée à la baisse des émissions carbone. Puisque la croissance a été conditionnée par l’utilisation d’énergies fossiles génératrices d’émissions de Gaz à Effet de Serre (GES).
Pour poser le problème, Milanovic propose, de fixer le volume du PIB mondial. Ce n’est pas de la décroissance a priori c’est le maintien à un niveau donné de la production mondial. Sans modification de la distribution des revenus, cela implique que le taux de pauvreté n’évoluera pas. Le nombre de pauvres restera constant. Ce ne peut être satisfaisant.
Une redistribution entre les riches et les pauvres serait plus satisfaisante. Quel serait alors le niveau du revenu cible ?
Le revenu médian des pays occidentaux n’est pas envisageable puisque’il se situe au 91eme centile de la distribution des revenus mondiaux. Vouloir faire converger le revenu moyen vers ce revenu médian c’est accepter de violer l’hypothèse de stabilité du PIB. On sort de l’hypothèse.
Le revenu moyen mondial est au 73eme centile de la distribution mondiale des revenus. Cela veut dire une forte baisse des revenus pour les 27% des plus riches, ceux qui sont au-dessus de la moyenne du revenu mondial et une baisse drastique de la production dans les pays occidentaux.
Un tel bouleversement de la distribution n’apparaît pas envisageable a l’échelle d’un pays démocratique, ce serait encore plus compliqué au niveau global.
Par ailleurs, la population mondiale continuant d’augmenter, maintenir le niveau du revenu moyen paraît problématique.
Commentaires
Ce calcul de coin de table permet de poser, à l’échelle macroéconomique et de façon simple, la question de la décroissance. Cette question est généralement posée sous la forme de problématique microéconomique et cela a toujours une dimension séduisante. Cette dimension microéconomique peut être celle d’un pays pris au sein de la dynamique mondiale qui est l’échelle de l’analyse.
La littérature sur la décroissance peine à trouver un bouclage macroéconomique satisfaisant. Et on voit bien dans l’exemple présenté que les 27% les plus riches doivent accepter une baisse de revenu considérable. Cela n’est à priori pas efficace sauf à associer à cet ajustement une dimension de brimade faisant payer à la génération contemporaine les évolutions du passé.
La transition énergétique et la convergence vers la neutralité carbone sont une nécessité. Il faut réduire drastiquement la consommation d’énergies fossiles. La décroissance sans cohérence macroéconomique ne peut être la bonne solution parce qu’elle ne sera pas acceptée. À nous tous collectivement de penser une nouvelle forme de modèle de société. Il me semble que nous avons, collectivement, manqué d’imagination. Il est temps de s’y mettre.
Source: Global Inequality Branko Milanovic Lien https://bit.ly/3ZxQSYz