Le ralentissement de la productivité depuis le début des années 2000 et jusqu’à la pandémie est toujours une source d’interrogations pour les économistes. Le ralentissement des innovations, les mauvaises mesures, l’inflexion dans la diffusion des technologies nouvelles, l’investissement insuffisant ou la mauvaise allocation des ressources ont été des explications avancées.
Une thématique cependant n’est pas où est mal prise en compte c’est le capital humain. De John R. Hicks à Paul Romer, tous les modèles théoriques de croissance ont mis l’accent sur le capital humain, sur la capacité à accumuler des connaissances et à les utiliser de façon efficace dans le processus de production. Pourtant dans les mesures sur l’inflexion de la productivité, ce capital humain est mal appréhendé.
Une recherche nouvelle à l’OCDE a souhaité prendre en compte ce facteur. Pour le mesurer les auteurs utliisent les tests de niveaux qui sont faits dans les écoles et le nombre d’années à l’école. Le premier thème décrit la qualité de l’éducation, le second reflète le volume étudié.
L’indicateur qui en résulte a une drôle d’allure. De 1987 à 2005 le stock de capital ainsi mesuré augmente de 0.11% par an, il ralentit à 0.05% de 2005 à 2016 puis est étale. Ce profil est principalement lié aux tests scolaires (type PISA).
Les auteurs expliquent alors qu’un sixième de l’inflexion de productivité résulterait du fort ralentissement dans l’accumulation du capital humain.
La pandémie est un partie de l’explication.
La diffusion rapide des smartphones et des plateformes de réseaux sociaux depuis les années 2000 pourrait être une explication majeure en raison des impacts sur les comportements des élèves et des étudiants.
Le cadre donné aux enfants et aux étudiants est essentiel pour accroître le capital humain. Il pourrait être important aussi de réfléchir sur l’utilisation des technologies. Car sans inversion de la tendance, la contribution du capital humain à la productivité va encore se réduire, limitant ainsi les degrés de liberté du système économique.
Commentaires
L’éducation est au cœur des phénomènes d’apprentissage et d’accumulation des savoirs. Dans « La culture de la croissance », Joël Mokyr indique que la révolution industrielle a eu lieu en Europe car c’était le lieu d’accumulation des connaissances avec des échanges de des entre toutes les régions.
Il faut donc chérir ce capital humain et peut être adopter une attitude un peu conservatrice quant à l’utilisation des technologies jusqu’à un certain âge. D’ailleurs les Suédois réintroduisent les livres en papier et carton.
L’enjeu est majeur. Les gains de productivité sont ceux qui vont pouvoir être redistribués entre les actifs et les retraités. Pour cela il faut créer des revenus et cela passe par le capital humain.
Source: VoxEU Dan Andrews Balazs Egert Christine de La Maisonneuve OECD-OCDE Lien https://bit.ly/49p3y77