L’Intelligence Artificielle est présentée, autour du sommet réuni à Paris, comme une succession de coups. Il y a eu ChatGPT, puis DeepSeek et encore la semaine dernière Le Chat de Mistral AI. Et de comparer la rapidité, le coût et le statut d’open source ou pas des uns et des autres. La dimension générative de l’IA est essentielle parce que c’est elle qui touche le grand public en facilitant la rédaction de textes, la création de dessins ou encore de vidéos.
Pourtant, même si l’on perçoit la rupture que cela entraine, cela ne semble pas en relation avec les montants considérables qui ont été récemment évoqués. Le programme Stargate aux USA a été associé au montant de 500 mds de dollars, Emmanuel Macron a communiqué sur un chiffre de 109 mds d’euros en France avec notamment un DataCenter dont le coût serait compris de 30 à 50 mds.
Ces chiffres traduisent l’idée que l’IA est un domaine beaucoup plus vaste que la seule IA générative. D’ailleurs, les IA européennes brillent sur la santé et le climat traduisant une capacité à répondre aux enjeux spécifiques de ces secteurs.
Ces investissements aux USA, en Europe, en Chine ou ailleurs reflètent la possibilité d’un changement de régime dans le fonctionnement de l’économie et de la société. Le traitement de l’information peut ainsi apparaitre comme une véritable révolution industrielle. Et il faut en être, il faut être acteur de cette rupture sous peine d’être dominé par une autre grande région du monde.
La révolution de l’IA est beaucoup plus rapide et plus diffuse que celle au tournant du 19ème siècle. Une mesure partielle de cette adaptation indique que l’IA générative est beaucoup plus utilisée par les Américains au bout de 2 ans que n’ont pu l’être le PC portable et Internet.
Si c’est une révolution industrielle, il faut y participer et être acteur de sa propre histoire et en conséquence beaucoup d’investissements pour adapter nos systèmes productifs à ce nouveau cadre. La France a d’ailleurs un effort particulier à faire car les PME et ETI sont moins bien équipés en IA que leurs partenaires européens.
Il faut à la fois rattraper le retard pris, c’était l’incise de Mario Draghi dans son rapport sur la productivité en Europe, et continuer d’investir pour rester dans la course.
Cela a deux conséquences majeures.
L’investissement supplémentaire (5 points de PIB disait Draghi) doit s’inscrire dans la durée nécessitant des arbitrages sur d’autres dépenses. Le financement ne pourra pas se faire qu’en endettement supplémentaire.
Le deuxième point est celui du financement. Jusqu’à présent, le financement est dépendant des flux provenant des Etats-Unis, il faudrait pourvoir les recentrer sur l’Europe via l’Union des Marchés de Capitaux qui permettrait notamment de recycler les 3 points de PIB d’épargne en excès de l’investissement.
A l’Europe de se mettre en marche pour accentuer son autonomie économique et politique. L’enjeu est majeur et essentiel.