Un événement majeur depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche est le retrait de la banque centrale américaine du réseau des banques centrales pour le climat.
Ce réseau a pour objectif d’adapter la politique monétaire aux contraintes résultant du changement climatique. Dans le même temps, la stratégie des banques centrales doit rendre plus efficace la transition vers la neutralité carbone. L’idée est que le climat est une bien commun sur lequel tous les acteurs doivent être actifs. Et ce n’est pas incompatible avec la stabilité des prix.
Le Network for Greening the Financial System (NGFS) définit des scénarios dans lesquels les acteurs financiers donc les banques centrales sont parties prenantes pour appréhender la convergence vers la neutralité carbone. La sortie de la Fed fragilise la construction, comme a été affaibli le cadre de l’Accord de Paris.
La sortie du NGFS s’est faite sans pression de la Maison-Blanche et Powell a voté pour la sortie du réseau. Lors d’une conférence tenue sous l’égide de la BRI en 2021. Powell avait expliqué que la politique de lutte contre le climat était l’affaire du gouvernement et que la banque centrale adoptait un comportement cohérent avec la politique menée par celui-ci. La Fed a donc adhéré au NGFS en 2020 après le départ de Trump et avec l’arrivée de Biden. Il se retire de l’organisation après le retour de Trump à Washington. Il faut y voir une forme de loyauté.
Mais on perçoit bien que le processus relatif au climat devient bancal. Pendant longtemps la question du climat était une source de coopération et de coordination entre les pays et entre les institutions. La cause commune apparaissait suffisamment forte pour que tous les pays du monde signent l’Accord de Paris. Et même si la transformation n’a jamais été à la hauteur des espoirs suscités, la question du climat restait sur le haut de la pile des dossiers sensibles.
Avec l’arrivée de Trump, le dossier devient plus quelconque, il n’est numéro 1 nulle part. Même au sein de la Commission Européenne les orientations portant le Green Deal sont remises en cause.
La thématique semble passée alors que jamais les alertes climatiques n’ont été aussi fortes. La température continue de progresser (1.6 degré au-dessus de la moyenne préindustrielle en 2024 soit au-delà de l’accord de Paris) et les points de non retour sur les phénomènes physiques se rapprochent très vite, après quoi il sera trop tard.
Ces problématiques sont devenues secondaires pour beaucoup. Ce passage du climat au second plan au bénéfice de la croissance carbonée et de l’IA traduit un changement radical de la façon dont le monde fonctionne. C’est l’illustration d’un monde qui n’est plus coordonné et coopératif avec un objectif commun à satisfaire. Mais c’est désormais un monde du rapport de force. On l’a vu avec la déclaration de JD Vance à Paris lors du Sommet de l’IA, pas question de contraindre les innovateurs et la puissance qu’ils dégagent.