Le monde qui se dessine ne ressemblera pas à celui construit collectivement jusqu’alors. Ce monde intégré avait des frontières transparentes a vécu.
Dans ce monde, le dollar règne car il est perçu comme la monnaie la moins risquée (à l’échelle internationale il y a une anti-loi de Gresham selon laquelle la bonne monnaie chasse la mauvaise, la bonne étant le dollar). L’euro a tenté en vain de le concurrencer et la tentative des BRIC’s pour une autre monnaie n’a pas été concluante.
Mais le monde change, les déséquilibres qui le caractérisent désormais ne tirent plus vers une extension de la globalisation mais plutôt vers un recentrage plus local. Led Etats-Unis mettent en œuvre une politique plus isolationniste avec la Chine et l’Europe considérés comme des non-alliés sur la scène internationale. Cette nouvelle forme forcée par Washington pourrait se traduire par une forme de défiance vis-à-vis des valeurs américaines et du dollar.
Un monde plus vertical, des frontières renforcées et une moindre confiance dans le billet vert sont autant d’ingrédients pour inciter à former une sorte de monde tripolaire.
Il y à longtemps, des économistes avaient imaginé une tel cadre à 3 pôles. Chaque pôle serait ainsi centré sur un pays (Etats-Unis et Chine) et sur une région géographique la zone euro mais aussi sur une monnaie. Les pays rattachés au pays de référence auraient un taux de change fixé avec la monnaie de référence qui elle fluctuerait avec les deux autres.
Un tel cadre pose de nombreuses questions
La première est celle des liquidités. Durant les crises du passé, crises qui ne disparaîtraient pas dans ce nouveau schéma, les banques centrales ont toujours fait preuve de coordination pour apporter de la liquidité et éviter un effondrement du système monétaire. Une telle solidarité continuerait elle à fonctionner ?
La période de transition serait forcément très longue et donc génératrice d’incertitudes pour tous les acteurs de l’économie globale. Sortir du dollar ne serait pas une opération facile compte tenu du rôle considérable du billet vert dans le financement de l’économie globale. Disposer d’un nouveau cadre stable sera un processus long avec une dimension autoritaire pour l’imposer.
Cela voudrait dire aussi une forme de repli des activités économiques sur les zones d’influence et donc un ajustement long et douloureux de la croissance et de l’emploi.
La perte de confiance dans le dollar résultant de la politique de la Maison Blanche ne se transformera pas spontanément en un nouveau cadre. Les processus sont longs et chaotiques au risque d’être associé à des conflits puisque l’absence d’ajustement au sein de chaque zone provoquerait des tensions qui pourraient devenir insupportables.
Le basculement américain, sa dimension autocratique et son isolationnisme ne rassurent pas les investisseurs sur les actifs américains et le dollar. Mais le basculement inéluctable sera porteur du chaos.