Le dollar est surévalué au regard de son solde extérieur déficitaire de façon structurelle. Dans n’importe quelle économie, un tel déficit se serait traduit par une dépréciation forte et durable de sa monnaie. Ce n’est pas vrai pour le billet vert qui est la monnaie de la plus grande puissance économique mais aussi la monnaie de réserve internationale et la monnaie des transactions partout dans le monde. Cela lui donne un statut particulier.
Cependant, le dévaluer permettrait de réduire le déficit extérieur rendant l’économie américaine moins dépendante des flux d’épargne étrangers.
Mais la dépréciation d’une monnaie, surtout d’une monnaie internationale ne se décrète pas.
Et quand ont évoque un dépréciation significative du dollar, on trouve des repères historiques. Cela pourrait être un guide pourtant aucune de ces expériences n’est reproductible actuellement.
Reprenons.
En avril 1933, les Etats-Unis sortent du Gold Exchange Standard qui était un système monétaire basé sur l’or. Ce système est celui qui a favorisé la propagation de la crise américaine de 1929/1930 au reste du monde. En sortant de ce cadre contraint le dollar s’ajuste brutalement.
En 1971, lorsque Nixon clame la non-convertibilité de l’or et du dollar c’est parce que le système issu de Bretton Woods est à bout de souffle. La fin de ce système monétaire engendre une grande volatilité des monnaies des pays développés.
En 1933 et en 1971, le système monétaire était corseté et perdait en efficacité. Il n’y a pas de corset aussi rigide à faire exploser dans le système monétaire actuel.
En 1985, le dollar est au plus haut et tous les grands pays sont gênés par cette situation. L’accord du Plaza traduit une coordination des banquiers centraux du G5 pour agir et réduire les déséquilibres monétaires. Le système fonctionne si bien que l’accord du Louvre est nécessaire, deux ans plus tard, pour tenter d’arrêter la glissade du billet vert.
Le point essentiel de cet épisode est la coordination des banquiers centraux.
Après les mesures tarifaires annoncées par Trump, une telle coordination est au moins conditionnée aux négociations de chacun des pays avec Washington sur les tarifs. Ce n’est qu’un accord des pays négociateurs avec les US qui pourrait mettre en œuvre une action coordonnée des banques centrales. Le processus est donc conditionnel et ne peut être présenté comme une réplique d’un épisode du passé.
La dépréciation d’une monnaie n’est pas spontanée surtout si elle est considérée à l’échelle internationale comme la monnaie de référence et même si la Maison Blanche le veut. L’histoire est aussi un peu plus compliquée puisque la Chine, autre puissance économique et politique mondiale, ne souhaite pas négocier sur les tarifs douaniers et est prête pour un véritable rapport de force.
Le financement par le monde de la croissance américaine ne sera peut être pas aussi facile qu’anticipé par la Maison Blanche.