Le préalable
Les indicateurs de défiance vis-à-vis de la politique économique de Donald Trump se multiplient.
Le consommateur américain est très inquiet selon l’enquête de l’Universite du Michigan. En avril, il s’attend à ce que l’inflation augmente brutalement dans les 12 prochains mois à 6.7% et qu’elle s’inscrive à 4.5% sur 5 ans, des niveaux bien supérieurs à ceux constatés lors de l’épisode inflationniste récent. Il s’inquiète aussi sur l’évolution de l’emploi qui, selon ce même consommateur, baisserait significativement à l’horizon de 6 mois.
L’incertitude sur la politique économique mesuré par l’Economic Policy Uncertainty Index a bondi avec l’arrivée de Trump à la Maison Blanche. Au début du mois d’avril, il explose toutes les références y compris celles de la pandémie durant laquelle nous étions tous des apprentis sorciers.
La politique économique américaine est perçue comme imprédictible. En témoigne, la mesure sur la non-taxation des téléphones, ordinateurs et autres appareils n’est plus que temporaire selon le secrétaire d’État au commerce alors qu’elle paraissait permanente lors de son annonce samedi.
La double stratégie
La Maison Blanche suivrait une double stratégie.
Une explicite sur les droits de douane et la nécessité de faire payer au reste du monde ce que les Etats-Unis ont contribué à façonner dans le monde entier depuis des décennies.
L’autre stratégie refléterait la nécessité de disposer de taux d’intérêt très bas en raison d’un montant considérable d’obligations à refinancer. On parle de 7 000 milliards d’obligations qui avaient été émises à taux d’intérêt réduit durant la pandémie et qui doivent être renouvelées au taux de marché. Compte tenu du taux du 10 ans actuel (4.5%) le coût supplémentaire pour le Trésor et le budget américain sera considérable.
Deux points non exclusifs
Les négociations pour discuter des tarifs douaniers devaient porter notamment sur ce refinancement et la capacité du reste du monde à porter cette dette à des taux très bas pour ne pas peser sur le budget US. Le report des mesures tarifaires repousse dans le temps ces négociations et donc la possibilité pour les Etats-Unis de faire porter la charge de la dette par le reste du monde.
L’autre option était de plonger les Etats-Unis en récession pour faire baisser les taux d’intérêt et permettre ainsi un refinancement à moindre coût. Trump avait d’ailleurs indiqué qu’une courte récession pourrait être nécessaire.
Le débat
La perte de confiance des investisseurs se traduit une stratégie, tout sauf les actifs américains. Et ce refinancement arrivera probablement avec un coût exorbitant pour le Trésor US.
On ne peut pas brouiller les cartes et exiger des engagements des acteurs économiques. Cela ne fonctionne pas car entreprises et investisseurs doivent pouvoir disposer dé règles claires et stables. L’amateurisme de Washington fait craindre le pire.