L’Europe doit trouver davantage d’autonomie dans le monde un peu fou qui se met en place. La Chine n’est plus un débouché aussi fort, la Russie n’est plus une source d’approvisionnement bon marché pour l’énergie et l’Amérique n’a plus la même capacité à protéger l’Europe et à l’emporter avec elle dans son cycle économique.
Face à une forme de verticalisation du monde, l’Europe doit d’abord compter sur elle-même si elle veut continuer à compter face à la Chine en aux Etats-Unis.
L’Europe doit disposer d’une capacité à innover permettant d’importants gains de productivité capables de porter des hausses durables des revenus. Car une grande partie de l’écart de revenu par tête avec les Etats-Unis vient d’une productivité dont la progression est trop réduite en Europe. C’est le constat du rapport Draghi. Il faut donc être capable de travailler à la frontière technologique et non plus un peu en deçà comme on a tendance à le faire en Europe.
Deux contrepoints
Pour innover, il faut des hommes et un constat majeur est que l’Europe est incapable de retenir les chercheurs et ingénieurs de haut niveau. Ceux-ci sont attirés par des moyens techniques, un environnement de recherche et des rémunérations que l’Europe n’a jamais pu leur offrir. C’est un premier contrepoint.
Le deuxième contrepoint est le vieillissement rapide de la population. Le nombre des plus de 65 ans sera supérieur au nombre des moins de 20 ans, en France, avant 2030. Le taux de dépendance augmente très vite partout en Europe. En Italie, les plus de 65 ans pourrait représenter plus de 70% du nombre des actifs de 15 à 64 ans au cours des prochaines années.
Deux remarques
Il faut revaloriser la rémunération des actifs pour les inciter à travailler pour eux et pour la part grandissante des retraités qu’il faut financer.
Mais, et c’est la deuxième remarque, une population qui vieillit est une population qui innove moins. Une étude récente publiée par le CEPR indique que les gens qualifiés continuent de s’enrichir en connaissances jusque dans la quarantaine avant de voir leur capacité à apprendre se réduire avec l’âge. Pour ceux qui sont peu diplômés, le basculement est plus rapide et les difficultés à apprendre deviennent un handicap.
Une societe qui vieillit n’a plus autant la capacité a accumuler des connaissances alors que c’est le chemin nécessaire pour passer à l’acte d’innover. La formation doit prendre un autre forme pour réduire ce risque sur l’accumulation de la connaissance.
Le dilemme de l’Europe est donc de devoir investir massivement pour innover mais avec une population qui vieillit rapidement et dont la capacité à accumuler des connaissances s’amenuise.
Le choix est alors politique car le rajeunissement de la population ne peut venir que de décisions politiques sur les flux migratoires notamment et une hausse de l’ade de départ à la retraite. Sans cela, elle ne pourra pas maintenir un revenu élevé pour tous.