Le FMI se montre sceptique quant à la capacité des francais à maîtriser leurs finances publiques. Dans les projections d’avril, le déficit public resterait voisin de 6% du PIB jusqu’en 2030. Le contraste est terrible avec la projection pluriannuelle du gouvernement français. Pour Bercy, en 2029, l’horizon de la projection, le déficit passe sous le seuil de 3% alors qu’il est donc à 6% pour l’e FMI.
Le dilemme est déjà dans ces chiffres, notamment ceux de Bercy. Historiquement dans les projections pluriannuelles, le dernier point est voisin de l’équilibre. Il est fait l’hypothèse que l’économie est sur une trajectoire d’équilibre et que l’ensemble des paramètres budgétaires se sont calés dessus. Laissée à elle même, l’économie doit revenir à l’équilibre à moyen terme. Si ce n’est pas le cas, cela traduit des rigidités indiquant l’incapacité de l’économie à s’adapter à son environnement. Une cible à 3% à un horizon long c’est valider cette incapacité.
L’idée du référendum sur les finances publiques présenté par le premier ministre est intéressante si l’on veut que chacun prenne conscience des contraintes qui jalonnent l’éventuel retour à l’équilibre. Et d’une manière plus générale, cela éclairerait sur l’allocation des dépenses et de leurs financements. Comprendre pourquoi d’autres pays font mieux ou aussi bien avec des moyens qui sont moindres. Pour cela, le référendum aurait des vertus incomparables.
Pourtant il a beaucoup d’inconvénients
Le système est désormais suffisamment complexe et abscons pour que l’intérêt individuel passe avant l’intérêt collectif. Face à une forme d’opacité, l’effort de compréhension des enjeux à l’échelle macroéconomique serait tel que chacun ne répondrait au référendum qu’en fonction de ses intérêts propres, pas pour résoudre les déséquilibres passés et futurs des finances publiques.
L’idée du référendum est d’autant plus complexe qu’elle hante les choix de politique économique depuis longtemps. Dès lors, une telle option reflèterait l’incapacité des gouvernements successifs à prendre les mesures nécessaires pour s’inscrire sur une trajectoire soutenable. La question est difficile mais c’est aussi pour cela que des hommes et des femmes sont élus.
L’équation budgétaire est d’autant plus complexe que l’Europe est à un tournant. Il faut repenser la hiérarchie des dépenses. Il faut renforcer le militaire, la recherche et l’innovation pour affirmer l’autonomie de l’Europe. La France n’y échappera pas. Il faudra arbitrer dans les dépenses et les recettes. Demander aux français de le faire peut être perçu comme une forme de manque de courage et une incapacité à définir une politique cohérente dans la durée.
Par ailleurs, le moment choisi est maladroit. Les changements brutaux qui s’opèrent à l’échelle internationale ne sont pas amortis par une stratégie claire et volontaire en interne. Le flou se rajoute à l’incertitude, réduisant la capacité à choisir.