Le prix du pétrole est voisin de 60 dollars le baril soit un repli d’un peu plus de 20% par rapport à la moyenne de 2024.
Pour comprendre l’allure du prix du pétrole, il y a trois dimensions.
La première est celle de l’offre et de la demande.
En février, l’Agence Internationale de l’Energie, estimait à 600 000 barils par jour l’excès d’offre en 2025 provoquant un biais baissier sur le prix. Depuis cette date, les annonces de Trump sur les tarifs douaniers ont affaibli la croissance globale et donc la demande de pétrole.
Plus récemment, l’Opep+ a décidé d’inverser sa stratégie. D’une réduction de l’offre, elle est passée d’abord à une hausse limitée de 137 000 barils/jour supplémentaires avant une forte accélération à la hausse (411 000) lors du weekend du premier mai. Le marché déjà en excès d’offre a basculé un peu plus, poussant les prix vers 60 dollars.
La deuxième dimension est celle des pays producteurs.
Pour la plupart de ces pays, le prix du pétrole est essentiel dans l’équilibrage de leur budget. Selon le FMI, ce prix d’équilibre se situerait entre 60 et 100 dollars le baril selon les pays.
De longue date, on a observé que face à un prix trop bas, il y a toujours un, deux ou trois pays qui produisent marginalement un peu plus pour améliorer leurs recettes. Le déséquilibre du marché s’accentue poussant les prix encore davantage à la baisse. Par la suite, la situation se normalise via une réduction de l’offre. Mais entre-temps le prix a été très volatil.
La troisième dimension est politique.
Donald Trump avait mis en avant le « drill baby drill » pour accentuer l’offre, faire baisser le prix vers l’objectif de 50$ et favoriser les consommateurs. Dans cette période troublée, où les alliances se redessinent, l’Opep+ peut vouloir faire une alliance objective avec les US, espérant qu’un prix bas leur permettra des gains de part de marché notamment au détriment des producteurs US, pénalisés par des couts d’exploitation qui deviendrait trop élevés.
Le prix du baril de pétrole risque de rester bas un bon moment. Mais attention, le prix du pétrole est volatil et il serait hasardeux de penser que cette situation est là pour longtemps. Les producteurs finiront par réagir.
Pour le consommateur, le prix du baril est compatible avec un prix du litre d’essence entre 1.5 et 1.55 pour du SP 95. Cela sera un support fort pour la consommation. Le prix de l’essence est toujours un indicateur important dans le comportement des ménages.
L’autre point est que la contribution du prix de l’énergie à l’inflation va franchement reculer au cours des prochains mois et tirer l’inflation de la zone Euro vers le bas. L’accompagnement de ce mouvement par la BCE pourrait permettre de renforcer la demande interne et la capacité de la zone Euro à accroître son autonomie.
Le point à souligner est que le prix bas va favoriser encore la consommation de pétrole et reporter une fois encore le début de la transition énergétique.