Demain, le 20 mai, Trump fêtera son 4ème mois à la Maison Blanche. Il est forcément trop tôt pour réaliser un bilan sur sa politique économique. On peut néanmoins faire quelques remarques sur sa politique tarifaire qui, jusqu’à présent, est l’élément clé de sa stratégie économique.
Les objectifs initiaux étaient de quatre ordres
1- Sortir du cadre du multilatéralisme pour le commerce international. Il faut pouvoir négocier des accord bilatéraux
2- Mettre en place des tarifs exorbitants, Libération day du 2 avril, qui oblige chacun des pays à venir négocier.
3- Les retombées fiscales des droits de douane devaient permettre de réduire l’impôt sur le revenu pour faire payer le reste du monde.
4- L’objectif ultime est de faire venir travailler les entreprises étrangères aux USA.
Depuis le 9 avril et la réduction des tarifs douaniers, les nouveaux tarifs sont en suspens jusqu’au 8 juillet. Ce sera la prochaine étape majeure.
En attendant, que retenir de cette politique très volontariste ?
1- La quasi-absence d’accord sur les tarifs douaniers. Seul le Royaume-Uni en a signé un et il n’est pas à l’avantage des Britanniques. L’accord stipule que l’accès au marché américain sera plus difficile pour les produits anglais mais que l’accès au marché britannique sera facilité. C’est un accord un peu caricatural.
L’autre élément important est la baisse à 30 % des droits de douane chinois. L’Empire du milieu avait mis en place des mesures de représailles avec des droits de douane à 125%. La morale de l’histoire est qu’il n’y a pas eu de deal, les Chinois ont juste retirés les mesures de représailles. Sur ce plan, Trump a perdu. Les entreprises américaines ont besoin des produits chinois et à 145% ce n’était pas possible pour elles de rester compétitives.
Le Japon et l’Inde qui devaient être parmi les premiers signataires d’accord n’en prennent pas le chemin. L’Europe reste sur ses gardes.
2- La deuxième remarque est que les recettes seront beaucoup plus faibles qu’espérées par l’administration Trump. Multiplier le montant des exportations par 10% et en tirer le montant attendu des recettes fiscales est peu pertinent. Les ménages et les entreprises changent de comportement face aux tarifs douaniers. La demande change et les éventuels impacts sur les processus de production ont des effets que réduisent les recettes douanières. Historiquement, ce sont les consommateurs qui paient. Cela restera vrai selon les premiers constats.
3- Les entreprises ne veulent pas toujours jouer le jeu. La situation peut devenir critique puisque cela montre au consommateur d’où vient le prix plus élevé. Amazon l’a fait, Walmart aussi s’attirant à chaque fois les foudres de la Maison Blanche.
On ne sait pas ce qui sera annoncé le 8 juillet, si les droits de douane seront relevés mais on constate que désormais l’accent est mis sur la diplomatie comme si les tarifs douaniers étaient devenus ennuyeux parce que peu efficaces.