Le climat doit revenir au premier plan après la publication de l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM). L’institution rappelle que 2024 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée avec une température moyenne de 1.6°C au-dessus de la moyenne préindustrielle. Cette température évoluera jusqu’en 2029 entre 1.2 et 1.9°C. La tendance haussière constatée depuis le début des années 1980 ne s’interrompt pas.
L’OMM estime que la probabilité de dépasser la température de 2024 au moins une année est de 80%. La probabilité de dépasser 1.5C en moyenne sur 5 ans est de 70% Cette probabilité était de 47% il y a un an et de 32% il y a deux ans.
La dérive climatique constatée depuis de nombreuses années ne s’infléchit pas. Le monde ne sort pas du renforcement de l’effet de serre conditionné par l’utilisation des énergies fossiles. La consommation d’énergies fossiles reste élevée. Elle alimente les émissions de CO2 renforce l’effet de serre et provoque le réchauffement de la température du globe. Les émissions de CO2 ont encore progressé en 2024 tout comme la concentration en CO2 à 422.5ppm. La transition énergétique ne progresse pas vraiment. Les énergies renouvelables progressent encore mais viennent en complément et non en substitution aux énergies fossiles.
Comme l’indique l’OMM, cette situation se traduira par une augmentation des évènements climatiques et par des effets majeurs sur la glaciation des pôles, sur les précipitations en progression importante dans l’Asie du Sud et des conditions plus humides au nord de l’Europe. Ne doutons pas que ces changements forts se traduisent par une dégradation des conditions de production agricoles.
Dans les travaux scientifiques, le seuil de 1.5°C au-dessus de la moyenne préindustrielle est celui à partir duquel on commence à voir des effets irréversibles. On rentre dedans en klaxonnant.
Pourtant, les Etats-Unis sortent de l’Accord de Paris, détruisent des bases de données sur le climat et réduisent les capacités des institutions à continuer leurs recherches sur ce thème. Les choix favorisant les énergies fossiles vont maintenir un prix bas du pétrole et en doper la consommation.
Ce choix de la production à tout prix au détriment du climat, moteur de la nouvelle administration US, est en train de gagner l’Europe. Il faut trouver les moyens de rester concurrentiels et l’Europe fait des choix qui se rapprochent de ceux des USA. La Commission Européenne est en train de réviser à la baisse les exigences pour satisfaire à l’objectif 2040 de baisse des émissions de GES de 90% par rapport à 1990 (FT 22 mai).
La France et l’Allemagne se sont aussi accordés pour désamorcer la contrainte du devoir de vigilance, la fameuse CS3D qui promeut un comportement durable et responsable des entreprises sur les chaînes de valeur mondiales. (POLITICO 20 mai)
L’Europe bascule vers la production à tout prix et tant pis pour le climat. Une partie du rapport Draghi est oublié.