Dans quelle histoire l’Europe souhaite-t-elle s’inscrire ? C’est ce récit qu’il faut construire.
Les relations avec les Etats-Unis, qui avaient définies le monde occidental même après la chute du Mur de Berlin, ne sont plus ce qu’elles étaient. Les défiances vis-à-vis de la construction européenne, le doute quant au rôle de l’Otan ou encore les attaques de JD Vance ou plus récemment dans un document que j’évoquais lundi dernier sont autant de fragilités qui doivent inciter l’Europe à se repenser (voir ici).
Et même si les USA reviennent par la suite sur leur appréhension de l’Europe avec un autre président, l’Europe doit gagner en autonomie pour ne plus être conditionnée principalement par les décisions prises à Washington.
Le récit à construire est triple ; économique, politique et culturel.
L’économique est certainement le plus simple. C’est sur ce domaine que s’est appuyé d’abord le Marché Commun pour faire naître la puissance européenne. Les progrès du marché unique et de la monnaie unique ont avant tout des fondements économiques.
Le récit économique repose sur trois dimensions sur lesquelles il y a une forme d’accord collectif sur le principe.
Le premier est l’intégration du marché européen pour créer un marché avec de vastes effets d’échelle. Cela rendrait les entreprises plus concurrentielles à l’échelle globale.
Le deuxième est le rattrapage par l’innovation et la maitrise de sa propre capacité à croître.
Le troisième est celle de l’unification des marchés de capitaux. L’idée ici est de se rapprocher des conditions qui ont permis le succès de l’économie américaine.
Les rapports Letta et Draghi ont déjà éclairé ce récit.
Le récit politique doit traduire l’histoire que l’on veut raconter sur ce que doit être l’Europe dans le futur.
L’Europe a été celle des Lumières, celle qui a permis, par la libre circulation des hommes et des idées, d’être le berceau de la révolution industrielle. Il faut retrouver cette dimension en liaison avec le premier point développé sur l’économie.
Il faut surtout s’accorder sur les institutions qui ont été mises en place depuis plusieurs décennies et sur lesquelles sont perçues d’importantes défiances. Les élections récentes en Pologne, en Slovaquie ou encore l’activisme hongrois à l’encontre de Bruxelles sont autant d’interrogations sur la capacité à créer une forme de cohérence à l’échelle du continent.
L’autre dimension politique est celle associée au changement climatique. L’Europe a eu un comportement exemplaire pour faire des choix mettant en avant la soutenabilité par la lutte contre le réchauffement climatique. Cette orientation est battue en brèche à la Commission, et dans des gouvernements qui étaient attachés à cette question. Le récit européen ne peut pas se faire sans mettre la question climatique au premier plan. La BCE d’ailleurs s’en est émue récemment, préoccupée par les positions politiques prises à tous les niveaux.
A suivre