Le troisième volet du récit est culturel et sociétal.
L’Europe a été leader sur de nombreuses questions de société comme le divorce, l’avortement, les questions de genre, la liberté d’expression ou encore la solidarité entre les générations. C’est un socle commun qui parait remis en question par les élections dans certains pays. L’Europe s’est construite sur une société ouverte et sur une volonté d’égalité homme-femme.
Le récit doit donner des orientations souhaitables pour disposer d’une forme de cohérence.
La question démographique est aussi au cœur de la dimension culturelle avant d’être une dimension économique. La place de chacun au sein de la société européenne n’est pas identique selon que la population est jeune ou vieillissante. Cette interrogation ne se pose pas qu’en Europe. Mais, les taux de fécondité sont trop réduits pour maintenir à terme la taille des populations des pays sans apport de l’extérieur.
Cette question devient économique lorsque l’on s’interroge sur la capacité à maintenir le niveau des revenus et à financer la retraite. Mais, c’est aussi une question culturelle. Une population qui vieillit est plus conservatrice, moins innovante et pas simplement sur les questions techniques. Or, l’économie européenne a besoin de renouveau. C’est le message que l’on retrouve notamment dans les propos de Mario Draghi.
Le récit européen ne peut pas échapper à cette interrogation.
Une nouvelle dimension doit aussi s’inscrire dans ce volet culturel, c’est celle de l’immigration et des questions religieuses. Cette question est majeure puisque le sujet est dans de très nombreux pays au centre des enjeux électoraux. On se souvient du Brexit.
Est-ce que l’Europe peut trouver une vision commune sur ces dimensions ? Sur l’économie, récemment le rôle de l’emploi des étrangers dans la croissance a été essentiel. Mais on ne peut pas lier la question migratoire qu’à des questions économiques même si c’est une partie de la solution pour dynamiser le revenu globale.
Le récit européen doit trouver une position cohérente qui s’inscrive dans la durée.
Une deuxième dimension nouvelle, simultanément culturelle et politique, est celle de la défense. Depuis la Seconde Guerre mondiale, la défense européenne a été portée par l’Otan, et donc en grande partie par les États-Unis.
L’enjeu nouveau est celui des investissements à faire pour compenser la moindre implication américaine et équiper les armées. C’est aussi de définir une capacité à se mobiliser en cas de conflit. Quels serait le degré d’acceptation des citoyens face à une armée européenne et face à la formation militaire nécessaire?
Le temps est au risque de conflit. Le nord de l’Europe est mieux préparé.
La dimension culturelle est celle de définir la capacité à se mobiliser, à vivre dans une approche différente du « militaire ».
Le récit doit intégrer ce bouleversement culturel associé à la possibilité d’un conflit.
À suivre