La bataille est repartie entre Trump et Powell. En 2018 déjà et après l’avoir nommé au board de la Fed, Donald Trump était très hostile à l’action menée par Jay Powell.
Dans l’épisode actuel, Trump reproche à Powell de ne pas baisser le taux de référence de la Fed à la vitesse souhaitée. Selon la Maison Blanche, les taux d’intérêt bas facilitent la distribution du crédit soutenant ainsi l’activité économique. La banque centrale veut éviter le côté permissif d’une telle stratégie. Le niveau du taux d’intérêt permet de discriminer entre les dossiers de crédit. Cela a été un grand reproche à la politique de taux zéro menée notamment pendant la pandémie. Elles ont laissé se développer des entreprises zombies dont le seul soutien était l’abondance du crédit.
Les banques centrales, à la Fed et ailleurs, ne veulent plus de cette politique.
Des politiques excessivement accommodantes font perdre une partie du contrôle qu’elles souhaitent conserver sur la gestion de la politique monétaire.
C’est d’ailleurs un angle important de l’indépendance des banques centrales. Elles ont un regard qui n’est pas celui du gouvernement et de sa politique économique. Celle-ci est davantage conditionnée par des contraintes immédiates qu’elles soient conjoncturelles ou politiques. La banque centrale échappe à cela normalement. Elle doit naviguer sur la crête du potentiel de l’économie sans compte à rendre au jour le jour. Son objectif majeur est la stabilité des prix à la consommation avec un taux d’inflation voisin de 2%. Pour l’instant, la Fed n’est pas suffisamment rassurée sur le profil à venir des prix. Dans les enquêtes menées auprès des entreprises américaines, les indices de prix payés aux fournisseurs et les prix payés par les clients sont bien répartis à la hausse, conséquence de l’impact des droits de douane. Il serait dommage que la banque centrale US réduise son taux de référence pour faire machine arrière rapidement en raison du retour de l’inflation. Sa crédibilité en serait fortement affectée.
Après plusieurs mises en demeures restées lettres mortes, Trump est en train de changer de stratégie. Il a annoncé la semaine dernière sa volonté de nommer, dès l’été, le président qui remplacera Jay Powell à la fin de son mandat en mai 2026. Ce nommé serait sensé s’engager à réduire le taux de la Fed selon les choix de la Maison Blanche, posant un risque sur l’indépendance de la banque.
Une telle situation pourrait être source de confusion notamment à l’approche de l’échéance de mai 2026. Qui croire ? Une telle opération de la Maison Blanche pourrait vite poser un problème de crédibilité à l’institution et aux fondements du système monétaire américain. En outre il faudra que la personnalité choisie soit effectivement opposée aux choix de Powell et que ses propos soient crédibles pour les investisseurs. Le cadre institutionnel risque une nouvelle fois d’être bouleversé au moment où un double regard sur l’économie est nécessaire.