Le Financial Times notait que le premier semestre du dollar était le plus dégradé depuis les 6 premiers mois de 1973. À l’époque, la valeur du billet vert, mesuré par rapport aux 6 plus grandes monnaies, avait chuté de 15%. En 2025, le repli sur les 6 premiers mois est de plus de 10%.
Les deux périodes sont très différentes.
L’événement du premier semestre 1973 est la fin du système de change de Bretton Woods. Le cadre formel qui avait tenu le système monétaire international (SMI) n’était plus viable devenant alors trop contraignant. Son relâchement brutal avait engendré des ajustements de grande ampleur, notamment sur le billet vert.
Aujourd’hui l’histoire n’est pas la même puisque le cadre qui prévalait était celui d’un marché flexible. C’est la rupture récente qui interroge. Pour prendre une dimension particulière, la parité entre l’euro et le dollar suivait avec une belle régularité les écarts de taux d’intérêt de court terme (taux du deux ans an dans un an). Depuis l’arrivée de Donald Trump les deux courbes divergent. La parité est de 1.17 alors que l’écart de taux d’intérêt suggérerait plutôt une parité autour de 1.07. C’est le dollar qui a un problème.
Le repli du billet vert traduit la confusion dans la politique économique mise en œuvre outre-Atlantique.
L’incertitude engendre une forme d’hésitation des investisseurs qui ne suivent plus de façon mécanique les arbitrages de taux d’intérêt. L’imprédictibilité des décisions de la Maison Blanche et le manque de clarté à long terme de la politique économique rebutent les investisseurs.
La question désormais porte sur le coup d’après. Est-ce que le gouvernement américain va laisser le dollar se déprécier comme le souhaite Stephen Miran. Celui-ci considère que le dollar est un bien public et que sa robustesse a permis le développement du reste du monde et des marchés financiers au détriment des USA. Si la thèse est contestable, sa mise en oeuvre poserait une vraie question de stabilité du SMI.
L’autre possibilité est de voir d’autres monnaies émerger. Christine Lagarde parle d’un euro mondial et des conditions à remplir pour y arriver.
Pan Gongsheng, le président de la banque centrale de Chine, ne veut plus du dollar comme monnaie de référence. Il prône un SMI multipolaire avec un forte concurrence entre les monnaies de référence régionales. Le yuan ne remplacerait pas le dollar. Il serait partisan d’un rôle accru pour les Droits de Tirages Spéciaux émis par le FMI pour jouer le rôle de prêteur en dernier ressort.
L’histoire ne s’arrête pas là. Les stablecoins qui ressemblent à des monnaies nationales, mais qui n’en sont pas, vont ajouter à la confusion monétaire. Les e-monnaies portées par des banque centrales créent aussi de la confusion.
Le risque est d’entrer dans une période de transition monétaire susceptible d’engendrer de l’instabilité. De ce point de vue les Etats-Unis porteraient une lourde responsabilité d’un éventuel chaos.