A l’approche du 9 juillet, les annonces et les inquiétudes relatives aux droits de douane reviennent à la Une des journaux. Le 2 avril, le Libération Day, Donald Trump avait annoncé des droits de douanes allant de 10 à 50% selon les pays pour les produits entrants aux Etats-Unis. Une semaine plus tard, seul le taux de 10% était maintenu pour tous à l’exception de la Chine. La Maison Blanche laissait alors 90 jours à tous les pays pour négocier un accord commercial avec les USA.
Cette stratégie n’a pas été d’une grande efficacité puisque la Grande Bretagne et plus récemment le Vietnam ont signé un protocole d’accord commercial.
Les 90 jours arrivent à échéance le 9 juillet, mais Washington a déjà donné des indications sur des droits à 25% pour le Japon et la Corée du Sud dès le 1 août. Les annonces vont d’étager jusqu’au 1 août selon l’avancement des négociations.
On pensait cette stratégie jusque boutiste écartée en raison des alertes qu’il y avait eu sur les marchés financiers aux alentours du 2 avril et au regard des gigantesques besoins de financement américains.
Pourtant Trump y retourne. Et on peut comprendre la raison de cette obstination. Depuis Ronald Reaganle cycle économique mondial est dépendant de la consommation des ménages américains. Ces dépenses des ménages représentent 70% du PIB américain soit le niveau, de loin, le plus élevé au sein des pays développés.
Le marché américain s’est ouvert à tous. La Chine dont l’ouverture économique au monde date du début des années 2000 s’y est engouffrée dégageant un excédent considérable. L’Europe a un excédent spectaculaire avec les Etats-Unis. D’autres pays en Asie ont aussi vu leur cycle dépendre de Mr Smith de l’Ohio et de Me Suarez du Texas.
Le cycle économique de très nombreux pays est ainsi devenu dépendant du comportement du consommateur US.
Le piège américain se referme lorsque d’un seul coup, il faut payer une taxe pour continuer à exporter des biens aux USA. Pour continuer à pouvoir travailler avec les US, parce que c’est essentiel au cycle conjoncturel un peu partout dans le monde, les pays vont accepter d’être pénalisés par cette taxe.
Cela va se traduire par des transferts au bénéfice des USA. On le voit sur l’augmentation des droits de douane perçus par le Trésor américain.
Cette stratégie pas forcément efficace collectivement traduit aussi l’incapacité du reste du monde à être autonome. Le marché américain si vaste et si attractif depuis si longtemps est en train de piéger le monde entier.
Cependant, la Chine, la Russie ou encore l’Inde sont devenus des pays puissants économiquement et qui voudront écrire l’histoire différemment. Il faudra écrire le futur sans être directement dépendant de Me Smith et de Me Suarez. A court terme, la lumière est sur les Etats-Unis. A moyen terme, d’autres lumières s’allumeront témoignant d’une économie plus dispersée et moins dépendante du consommateur américain. C’est cela le plus grand bouleversement.