Depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, il est question de « trade deal ». Il faut faire des trade deal sans que ce terme soit clairement défini.
Selon les références habituelles, un accord commercial est un processus de négociations entre deux pays ou deux régions pour définir les axes de développement des échanges. C’est un processus long car très détaillé. Le document associé est très volumineux et l’ensemble est très complexe.
Au début du mandat de Trump, on imaginait des contreparties facilitant le financement de l’économie américaine compte tenu à la fois de la taille de sa dette publique et des propos du chef économiste de la Maison Blanche, Stephen Miran, sur la nécessité de faire payer le reste du monde pour l’apport de l’Amérique à la prospérité globale.
Ce n’était pas la bonne réponse car l’accord commercial avec la Grande Bretagne ne correspond pas et n’a pas ce type de contrepartie. Ce n’est d’ailleurs pas un accord au sens habituel. Il a été négocié très vite et sans les détails qui permettent de structurer finement les échanges entre les deux pays. C’est juste un accord de principe, favorable aux Etats-Unis. C’est la même chose pour l’accord avec le Vietnam. Un protocole de quelques pages dont les détails seront négociés plus tard.
Mais le trade deal ne se limite pas à ce type d’accord. La trêve conclue avec la Chine est aussi un accord commercial alors que rien n’est réglé entre les deux pays et que les tensions sont maintenues puisque c’est une forme de retour au statu quo ante. Néanmoins, pour illustrer ce point de tensions on peut regarder l’accord avec le Vietnam. Les droits seront beaucoup plus élevés lorsque des produits vietnamiens exportés vers les US contiendront des composants chinois. Autrement dit, un trade deal ne signifie pas une sorte d’accord commercial une fois pour toute.
Un trade deal c’est aussi les annonces unilatérales concernant les droits de douane relatifs au Japon, à la Corée du Sud et à une dizaine d’autres pays. Mais tous pourront négocier un trade deal avec Washington avant le 1er août pour un accord au sens de celui fait avec la Grande Bretagne ou le Vietnam. Tout cela est forcément un peu confus.
Dans les négociations avec l’Union Européenne, une forme d’accord cadre semble suffisant pour fixer la situation.
Un trade deal pourrait ainsi se définir comme une situation reconnaissant la puissance des Etats-Unis soit dans l’annonce d’un droit de douane contraignant pour la contrepartie soit via un accord commercial favorable aux USA comme les deux déjà signés.
Les mots utilisés sont trompeurs car rien n’est équilibré dans les annonces faites loin de que l’on définit habituellement comme un accord commercial. Cela se traduira alors forcément par une redirection des flux du commerce mondial en réduisant la part des Etats-Unis. Le Canada et la Chine ont ainsi déjà réduit le poids de leurs exportations vers le pays de l’oncle Sam.