Voilà, c’est mon dernier post de la saison. Je reprendrai au début du mois d’août. Mais si l’actualité s’y prête, je replongerai ma plume dans l’encrier.
Ces posts sont devenus quotidiens depuis le début de l’année et l’élection de Trump. Le rôle de l’économiste est de comprendre la croissance et l’inflation, d’appréhender la logique des politiques economiques. C’est aussi désormais de s’interroger sur les logiques géopolitiques. Les choix qui sont faits par les États ne sont pas neutres et ont une incidence sur la trajectoire des économies qu’elles soient développées ou émergentes.
Cette dimension est d’autant plus importante que la hiérarchie de la puissance économique a changé radicalement. Depuis 2000, la Chine surtout mais aussi l’Inde et quelques autres ont largement contribué à la croissance mondiale et souvent davantage que les pays développés. Le PIB des pays émergents est désormais supérieur à celui des pays développés. Ce ne peut être neutre sur l’équilibre des forces qui porte en lui une dimension politique majeure. Trump l’a compris, les Européens se posent encore la question.
Cette nouvelle hiérarchie est associée à une grande interdépendance entre les grandes zones géographiques, nos téléphones portables sont indispensables mais ils sont assemblés en Chine, une forte concurrence technologique, notamment entre les Etats-Unis et la Chine, et une dynamique politique beaucoup plus diversifiée que par le passé.
Cette dimension politique est le nouvel entrant dans la réflexion que l’on doit avoir sur l’évolution du monde. Pendant la phase de globalisation, l’économie dominait le reste, le monde avait une dimension kantienne puisque la multiplication des échanges et l’enrichissement devaient abolir le risque de conflit majeur.
Ce cadre a été balayé et le politique, qui a l’échelle globale n’est plus démocratique, il y a plus de régimes forts que de démocraties, est l’axe majeur des réflexions guidant les grandes décisions, reléguant l’économie en arrière plan.
C’est ce nouveau cadre, cette nouvelle hiérarchie qui est notre quotidien à tous, pas simplement aux économistes.
C’est là que la tâche devient plus complexe car si on peut prendre position sur telle ou telle politique économique, et on est légitime en tant qu’économiste à le faire, il apparaît plus difficile d’exposer des choix politiques. L’économiste sort forcément de la neutralité qu’il veut s’imposer.
Les ruptures du monde sont de grande ampleur et il faut se donner les instruments pour les analyser. L’arrivée de Trump bouscule et accentue la polarisation du monde. L’économie et l’économiste ne peuvent pas rester neutre.
Pour l’analyse, pour la compréhension du monde et de ses mécanismes, c’est une période excitante qui s’ouvre.
L’économiste ne sera pas bousculé par l’IA, il aura trop de boulot et pas le temps d’être remplacé par une machine. C’est pour cela que reposé et encore un peu bronzé je vous donne rendez vous le 4 août.