La rentrée se profile et avec elle toute une série de questions sur l’évolution de l’économie mondiale et de chacune de ses composantes. En tant qu’européen, trois questions paraissent majeures.
La première porte sur l’environnement international. L’échec de la négociation d’Anchorage sur l’Ukraine va inciter Donald Trump à rebondir sur un thème différent. L’objectif est de rester au cœur des questions quotidiennes dans la presse et ailleurs.
La deuxième sur l’Europe et sur sa capacité à peser sur les décisions du monde lorsque celui-ci se verticalise et que les décisions ont une dimension plus locale. Mais, pour que cela fonctionne, il faut que l’Europe se définisse au-delà des questions économiques et qu’elle se forge une véritable histoire et un schéma claire dans la durée pour les Européens.
La troisième question porte sur la France et le risque d’instabilité politique en raison des discussions sur le budget, mais également par l’annonce de tensions sociales. Cela ne sera pas neutre pour les investisseurs.
𝗟𝗮 𝗾𝘂𝗲𝘀𝘁𝗶𝗼𝗻 𝗶𝗻𝘁𝗲𝗿𝗻𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻𝗮𝗹𝗲
Depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche, le degré d’incertitude sur la politique menée par Washington a augmenté de façon spectaculaire. Selon l’US Policy Uncertainty Index, la mesure de l’incertitude a été multipliée par 4 depuis le 20 janvier par rapport à la période 1985-19 janvier 2025.
On pouvait invoquer la mise en place des tarifs douaniers pour expliquer ce changement. Mais, on voit bien que c’est une proposition insuffisante par la forme même de la politique menée par la Maison-Blanche.
Les sujets sont traités les uns après les autres de manière parfois très hétérodoxe au risque de dérouter les analystes. Un sujet chassant l’autre, le stablecoin chassant les tarifs douaniers qui eux-mêmes chassaient le vote du budget… On ne voit pas une raison pour que ce mode de fonctionnement s’arrête.
L’échec des négociations de paix en Ukraine lors de la réunion avec Poutine à Anchorage va engendrer un nouveau type de rebond sur un sujet très différent. La question n’est pas réglée, mais le terrain est occupé par un autre sujet. Ce pourrait être le cas avec l’annonce d’une possible taxe de 300 % sur les semi-conducteurs.
On ne peut pas faire l’hypothèse que cette course à la transformation à tout prix cesse rapidement. Cela se traduira par le maintien d’une forte incertitude sur les règles du jeu qui sont aujourd’hui écrites par la Maison-Blanche. Ce n’est bon pour personne et pénalise le cycle économique.
Les entreprises, même américaines, n’aiment pas avoir un horizon flou et opaque. C’est un facteur qui incite à repousser leurs investissements productifs.
Dans la stratégie américaine, c’est probablement ce facteur le plus pénalisant pour l’économie globale. Lorsque les règles sont fixées, chacun s’adapte. Lorsqu’elles changent en continu, l’incitation est d’attendre.