Partie III
L’engagement du gouvernement sur le budget de 2026 est un déficit à 4.6% du PIB contre 5.4% en 2025. Une économie de presque 44 milliards par rapport à 2025.
L’objectif, à terme, est de stabiliser la dette publique. Pour Matignon, cette trajectoire est associée à un déficit public à 2.8% du PIB en 2029.
Trois points
𝟭- 𝗟𝗮 𝗱𝘆𝗻𝗮𝗺𝗶𝗾𝘂𝗲 𝗱𝗲𝘀 𝗳𝗶𝗻𝗮𝗻𝗰𝗲𝘀 𝗽𝘂𝗯𝗹𝗶𝗾𝘂𝗲𝘀
La hausse de la dette publique sous la présidence Macron est principalement associée à un solde excessif du déficit primaire (le solde primaire est le solde des finances publiques hors paiement des intérêts sur la dette).
Cela traduit une très forte hausse des dépenses. Le rationnel est d’expliquer que les aléas ont été importants (pandémie, crise de l’énergie) et que le rôle du gouvernement était de limiter le risque pour les entreprises et les ménages.
Sur la même période, les taux d’intérêt très bas, plus bas que le taux de croissance nominal de l’économie, a eu un effet inverse, tirant la dette vers le bas.
Pour s’inscrire dans une trajectoire vertueuse, on ne peut pas s’appuyer exclusivement sur des taux d’intérêt très bas et/ou un rebond hypothétique et durable de la croissance.
Dès lors, la seule possibilité pour réduire le déficit et stabiliser la dette est de comprimer le montant du déficit budgétaire primaire en réduisant les dépenses, car le taux de prélèvement obligatoire, qui pourrait être un levier, est déjà très élevé.
S’il faut réduire les dépenses, sur quels postes porteront ces coupes sachant que les dépenses militaires vont augmenter dans la durée (et normalement aussi les dépenses liées à la transition énergétiques)?
L’équation est à double entrée: d’abord sur la baisse de l’ensemble des dépenses, ensuite sur l’arbitrage dans la structure des dépenses .
Qui supportera les moindres dépenses (social? éducation? sécurité?…) ?
On ne dispose pas encore de détails, mais ne doutons pas que ce sera un élément clé du débat au Parlement.
𝟮- 𝗟𝗮 𝘀𝘁𝗮𝗯𝗶𝗹𝗶𝘁é 𝗽𝗼𝗹𝗶𝘁𝗶𝗾𝘂𝗲
Si le budget n’est pas voté, le gouvernement ne pourra pas rester, ouvrant la voie à une période d’instabilité politique et d’incertitude économique. La dissolution de 2024 n’a pas été le remède attendu.
𝟯- 𝗟𝗮 𝗳𝗿𝗮𝗴𝗺𝗲𝗻𝘁𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻 𝗳𝗶𝗻𝗮𝗻𝗰𝗶è𝗿𝗲
Les risque associés au budget, mais également aux tensions sociales attendues pour le 10 septembre, inquiètent les investisseurs.
En conséquence, l’écart de taux d’intérêt à 10 ans entre la France et l’Italie, où le gouvernement parait plus stable, se rétrécit très vite à moins de 10bp désormais.
La France devient un sujet d’interrogation, ce qui fragilise le couple franco-allemand qui est historiquement au cœur de la construction européenne.
Alors que l’Europe est remise en question à l’échelle globale, cette divergence française n’est pas souhaitable, mais le gouvernement pourra-t-il y faire face ?