Ce soir, à Jackson Hole, Jay Powell fera son dernier speech dans cet antre des banquiers centraux. C’est souvent un lieu important pour faire passer des messages. Draghi, Bernanke, Yellen ou encore Powell l’an dernier ont saisi cette opportunité pour annoncer des inflexions de leur stratégie.
Powell interviendra en clôture et bien malin qui peut savoir s’il restera sur un discours classique ou s’il instillera quelques éléments pour son successeur et peut être quelques pics pour le président américain qui cherche tous les moyens pour prendre le pouvoir à la Fed.
Ce qui nous intéresse est celui qui sera nommé pour succéder à Powell, celui qui l’an prochain fera un discours fondateur sur la politique monétaire lors de ce sommet de Jackson Hole.
Ce sera un homme du président Trump.
Récemment, deux présidents de la Fed ont été des hommes du président américain. Arthur Burns au début des années 70 était l’homme de Richard Nixon adoptant une politique très accommodante pour satisfaire aux exigences du président républicain. Presque 10 ans plus tard, Jimmy Carter confiait à Paul Volcker la mission de « tuer » l’inflation de la décennie qui s’achevait.
On ne doute pas que le nouvel homme fort de la Fed recevra une lettre de mission précise du locataire de la Maison-Blanche.
Pour l’instant, on ne sait pas très bien ce que veut Donald Trump à propos de la banque centrale américaine.
4 points
1️⃣Le niveau des taux d’intérêt, toujours trouvé trop élevé même durant son premier mandat, n’est pas suffisant pour tout faire pour se débarrasser de Powell.
2️⃣La politique monétaire apporte une double vision du cycle. C’est bien mais concurrence la vision du gouvernement sur la dynamique macroéconomique et les mesures à adopter pour corriger l’allure de la conjoncture.
Sur ces deux aspects, la théorie économique enseigne que l’association de politiques accommodantes du côté budgétaire et du côté monétaire est la meilleure recette pour l’inflation et une faible croissance.
3️⃣Le troisième axe est celui de savoir ce qui pourrait être fait de la Fed. Par la volonté de Trump, on assiste à la multiplication des signes monétaires. L’avènement à grande échelle des cryptomonnaies et des stablecoins, interroge sur le rôle de la Fed qui, de fait, se fait déborder ?
Est-ce que son rôle serait juste d’acheter de la dette publique ? Cela ne convient généralement pas à une banque centrale qui recherche la stabilité des prix, de la croissance et de la finance. Lorsque la banque centrale est dans le creux de la main du gouvernement, le risque est un fort dérapage.
4️⃣On n’échappera pas à la question de la disparition de la banque centrale en tant qu’institution. Les libertariens rodant autour de la Maison Blanche y sont plutôt favorables et ils pourront trouver des soutiens au Congrès avec Rand Paul et quelques autres.
La vraie rupture viendra peut-être alors. L’avenir est loin d’être écrit.