L’Empire du milieu est passé d’une grande dépendance vis-à-vis des États-Unis à maitre du jeu.

Les transferts de technologies des USA ont longtemps alimenté les usines chinoises. Désormais ,les produits chinois définissent les normes et la Chine est le lieu d’assemblage de nombreux produits manufacturiers. Selon les définitions, la Chine produit désormais de 30 à 35 % de la production manufacturière mondiale contre moins de 15% pour les USA ou l’Union Européenne.

Quatre asymétries

1️⃣ Les États-Unis sont devenus dépendants de la capacité de la Chine à produire et à assembler. Le recul de la Maison Blanche sur les droits de douane à 145% vient de là. Les ordinateurs, mobiles, batteries et autres produits technologiques devenaient trop chers pour les entreprises US.

2️⃣ La structure de la production manufacturière.

Dans tous les pays industrialisés, des États-Unis au Japon en passant par la France et l’Allemagne, le secteur automobile a été l’élément structurant de l’industrie.

Or aujourd’hui la Chine a une capacité de production de 60 millions de véhicules (40 thermiques, 20 électriques) pour un marché mondial de 90 millions. Dans le même temps, les constructeurs américains paient 50 % de droits de douane sur l’acier et l’aluminium. C’est la deuxième asymétrie. La dynamique structurelle de l’industrie avec des outils innovants est en Chine pas aux US.

3️⃣La technologie

David Autor, du MIT, et ses co-auteurs qui notaient, dans un article du NY Times du 14 juillet, que les capacités de recherche et d’innovation sur les technologies critiques avaient basculé des États-Unis, il y a encore une dizaine d’années, à la Chine. Les moyens mis en œuvre par Pékin sont désormais relayés dans la capacité à innover et à produire des entreprises. C’est la troisième asymétrie qui facilite la réponse aux demandes des entreprises, des consommateurs et des investisseurs.

4️⃣ Les États du sud ont désormais tendance à se rallier à la Chine plutôt qu’aux États-Unis. L’Afrique est un bon exemple. Les financements sont chinois et les investissements dans les infrastructures également. En outre, les pays africains paient 0% de droits de douane à la Chine, mais parfois jusqu’à 30% aux États-Unis.

En outre, l’attitude générale des États-Unis réduit son softpower, sa capacité à séduire par son mode de vie. Cet atout avait longtemps été un facteur majeur pour la conquête du monde. Cela l’est moins. La réussite chinoise depuis 20 ans fait davantage rêver les pays du sud.

La dynamique du cycle économique global va changer. Les États-Unis resteront puissants, mais l’impulsion qui leur échappait déjà va se renforcer en Chine et leur échapper davantage.

Se posera alors, forcément, le rôle de la monnaie internationale, ce bien public incarné par le dollar depuis 1944. La question du rôle de la Federal Reserve sera aussi posée.

La suite demain 4 septembre