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L’Europe devra affronter les Etats-Unis de face alors que la Chine peut biaiser et éviter une approche frontale.
Le 4 septembre, la Commission Européenne infligeait une amende de presque 3 milliards d’euros à Google. La Maison-Blanche a immédiatement fait savoir qu’elle prendrait des mesures de rétorsion contre l’UE si la sanction était maintenue.
La question des Gafam avait été évitée lors de la négociation commerciale de cet été mais on savait l’équilibre instable. L’Europe a un déficit élevé sur les services, notamment technologiques, avec les USA mais dans le même temps, elle en est dépendante puisque les Européens ne sont pas capables de services identiques. La balance est franchement favorable aux Américains, ne le cachons pas.
Dans ces conditions, l’amende ne sera-t-elle qu’un feu de paille qui ne résistera pas aux pressions de Washington ou est ce que l’Europe, en utilisant tout son arsenal juridique et avec la volonté politique de la Commission et des chefs de gouvernement, aura-t-elle la capacité de tenir tête à Donald Trump ? L’enjeu porte sur l’utilisation des instruments anti-coercition, l’Etat de droit, la démocratie mais aussi l’importance de l’information. C’est cet ensemble de points qui est regroupé dans ce combat européen.
Ce qui est violent ici est que l’Europe devra être frontal dans son affrontement avec les Etats-Unis pour ne pas perdre son âme. C’est un enjeu bien plus important que le niveau des droits de douane. C’est l’essence même de l’Europe, de son indépendance qui est en jeu.
Pendant ce temps, les Chinois contournent et ne se laissent pas prendre au jeu de la Maison Blanche. Donald Trump voulait imposer les semi-conducteurs H2O de Nvidia pour conditionner le développement de l’IA chinoise. La réponse de Pékin a été sans détour, les ingénieurs de l’Empire du milieu feront autrement.
L’idée qui a été développée il y a de nombreuses années par Clayton Christensen, professeur à Harvard, est d’indiquer qu’en utilisant la technologie la plus avancée, les outsiders se piègent eux-mêmes en faisant le jeu du leader. Ils peuvent davantage intervenir sur des objets technologiques moins aboutis mais développer à côté des outils algorithmiques très puissants. En faisant cela ils utilisent un chemin de traverse explorant alors de nouveaux champs. C’est exactement ce qu’a fait Deepseek face à Open AI. Les autorités chinoises espèrent que les chercheurs chinois sur l’IA, qui représentent la moitié des chercheurs dans le monde, permettront d’avancer dans ce sens, coupant l’herbe sous le pied des Américains.
L’ensemble des structures de recherche via Huawei et de nombreuses autres entreprises mise en place de longue date permettra ce virage sans être directement contraint par Washington.
L’Europe est prise au dépourvue. Elle n’a pas franchement de plan B. En étant unie, elle jouera, sur ce coup, son maintien politique en première division.