La transcription vocale (via une IA) est disponible ici
Tremblement de terre sur l’emploi américain. Le feuilleton n’en finit pas. Il y a quelques semaines, Donald Trump, vexé en raison de chiffres trop faibles de créations d’emplois, avait renvoyé la responsable de cette publication. Les chiffres pour le mois d’août, encore plus dégradés, montrent même un repli de l’emploi en juin. Les effets pénalisants de la politique menée par le locataire de la Maison Blanche semblaient être la cause du ralentissement du marché du travail depuis le début du printemps. D’où son appel à la baisse des taux d’intérêt de la Federal Reserve pour réduire les contraintes pesant sur l’économie.
Le tremblement de terre est arrivé en début de journée le 9 septembre. Le fameux Bureau of Labor Statistics, celui incriminé par Donald Trump, publiait une version remaniée des chiffres d’emplois sur 12 mois jusqu’en mars 2025. Les données, robustes jusque là, ont été révisées de près d’un million (-911 000 précisément). Cela représente un ajustement de -0.6% du marché du travail. C’est beaucoup au regard des ajustements qui sur les 10 dernières années étaient de 0.2% en valeur absolue.
Trump va pouvoir dire que la dégradation du marché du travail n’est pas liée à sa politique puisque le marché du travail était déjà dégradé lorsqu’il est arrivé au pouvoir. L’argument sera d’indiquer que sa politique aura pour conséquence d’infléchir à la hausse les créations d’emplois et que pour l’instant il faut liquider la situation léguée par Joe Biden.
On ne peut rêver mieux.
Si. Le président américain peut rêver encore mieux puisque la Cour Suprême américaine vient d’accepter d’examiner en urgence l’appel du ministère de la justice relatif aux droits de douane signés dans le bureau ovale. Normalement c’est le Congrès qui doit décider de cette politique.
Mais Trump a décidé d’en faire son instrument de politique économique. L’enjeu est de taille parce que si la Cour Suprême valide la procédure alors le champ des possibles s’élargira encore davantage. Déjà le président américain a demandé aux Européens d’attribuer des droits de douane de 100% à la Chine et à l’Inde afin de faire pression sur la Russie qui ne se plie pas aux injonctions de la Maison Blanche.
Si la Cour Suprême lui donne les pleins pouvoirs, l’équilibre des pouvoirs changera en Amérique. L’urgence à la résorption du déficit extérieur n’est que relative. Est-il nécessaire de mettre à feu et à sang la dynamique du commerce mondial pour un effet qui ne sera sûrement pas aussi favorable qu’attendu par la Maison Blanche. Les Etats-Unis sont aussi un intervenant majeur dans les échanges et à changer les règles il n’y a pas de raison objective pour que les entreprises et l’économie américaine ne soient pas affectées.
La décision de la Cour Suprême sera dévoilée début novembre. Ce sera peut-être alors le vrai début du mandat de Donald Trump. Si la décision lui est favorable alors il n’y aura plus de limite. Et cela ne se réduira pas aux simples questions économiques.