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La coopération internationale a été le ferment de la longue période de croissance des dernières décennies. Le multilatéralisme, qui en est la mesure, s’est exercé à travers l’acceptation de règles partagées par les États et la mise en place d’institutions telles que les Nations Unies.
Mais cette dynamique commune est en train de s’effacer. Les rapports de force remplacent progressivement le respect des règles collectives et la coopération.
Le multilatéralisme peut se définir comme l’acceptation, par un grand nombre de pays, de règles persistantes et contraignantes afin d’infléchir les comportements et l’activité des États. Son fonctionnement nécessite un leader, porteur de biens publics mondiaux.
L’action remarquable des États-Unis, depuis la Seconde Guerre Mondiale, a été de se donner les moyens d’être suffisamment puissants pour penser que son action engendrera des gains absolus pour l’ensemble du système mondial.
Washington a garanti la production et l’accès à des biens publics mondiaux.
L’État américain, dans un contexte de guerre froide, a été un défenseur de l’idée de la démocratie, quitte à intervenir militairement. L’utilisation du dollar dans les transactions internationales et l’intervention d’urgence de la Fed ont facilité le développement des échanges et la croissance.
La structure du multilatéralisme s’est construite sur deux niveaux : les règles pour les pays adhérents et un leader, les États-Unis, fournisseur des biens publics mondiaux. Ce cadre a été attractif, séduisant les pays sortant du COMECON et la Chine par la suite.
Pourtant, ce dispositif est désormais en panne.
Deux raisons majeures.
1- La structure unilatérale portée par les USA ne s’accommode pas d’un cadre bilatéral. Avec l’émergence de la Chine, les deux nations se font concurrence, définissant une forme moins homogène. Chaque nation peut vouloir «personnaliser» ses propres règles. Se pose ainsi la question des biens publics mondiaux, portés auparavant par l’hégémon.
2- Le changement marqué de l’administration US depuis l’arrivée de Donald Trump. Les négociations commerciales sont sorties du cadre multilatéral, chaque pays devant venir négocier à Washington selon des normes définies par la Maison-Blanche. Les règles ne s’appliquent désormais plus à tous de la même façon. La question du rôle du dollar et de la Fed est aussi posée. Les États-Unis, qui avaient porté le multilatéralisme à bout de bras, ne veulent plus de cette charge, considérant que le coût pour les citoyens américains a été trop élevé, notamment sur l’emploi industriel.
Le cadre multilatéral s’étiole et le mouvement apparait irréversible. La Chine ne fera pas machine arrière et les Etats-Unis ne veulent plus assurer leur part d’hégémon comme dans un passé récent.
A nous, collectivement, notamment en Europe, d’inventer un nouveau cadre. L’enjeu est important pour éviter des tensions qui pourraient devenir conflictuelles.