La deuxième dimension est celle de la Tech américaine, leader dans les pays occidentaux.
La vision de la Tech est ambivalente.
A titre individuel, nous sommes tous consommateurs que ce soit à titre personnel ou à titre professionnel. A l’échelle macroéconomique, l’espoir fou est que les développements récents, notamment ceux sur l’IA, soient les chainons manquants pour que ces innovations qui se cumulent depuis une quarantaine d’années se retrouvent enfin dans des gains de productivité. Ce changement de trajectoire poserait alors dans des termes très différents la question des inégalités, des salaires insuffisants et résoudrait une grande partie de la question du partage du revenu entre actifs et retraités.
Pourtant, l’autre côté de la médaille oblige à réfléchir différemment.
Trois raisons.
La première, déjà connu, est que ces entreprises de la Tech accumulent des données dans un processus pouvant manquer de transparence. Cette discussion fait l’objet de tractations intenses entre Washington et la Commission Européenne pour que ces données soient utilisables par tous et ne soient pas confisquées dans les débats démocratiques.
Cette dimension est majeure pour une approche objective des questions économiques, sociales et démocratiques. La technologie doit être l’affaire de tous et non d’une minorité. Le libre accès à l’information permet de décider de façon plus efficace à tous les échelons de la société.
La question de la concentration des données et de l’information ne permet pas un débat démocratique sain puisque le petit groupe qui détient ces données a un avantage informationnel certain et biaise le débat démocratique. Tout le monde doit pouvoir avoir un niveau d’information suffisant.
Pourtant ce n’est pas forcément dans cette voie que l’on s’engage. L’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche a modifié en profondeur le comportement des entreprises de la Tech. Par le passé, non directement soutenues par Washington, la Tech était importante, visible mais ne portait pas des visions disruptives sur la société. Désormais, fortes des ruptures provoquées par le président américain, elles disposent d’un support politique fort et la capacité de mettre en œuvre des projets de rupture.
Ce biais va certainement s’accentuer avec le démantèlement de la recherche public et l’assèchement des moyens fédéraux pour la recherche fondamentale aux USA. De la médecine au climat, le financement de la recherche est fragilisé et les conditions de cette recherche sont profondément modifiées. Les moyens iraient davantage vers les firmes privées de la Tech. L’oligarchie que l’on constatait en Russie sur les matières premières s’est formée avec les patrons de la Tech aux Etats-Unis.
Au regard du bras de fer de Washington et la Commission Européenne, ne doutons pas que ce qui se passe sur la Tech aura une incidence sur l’équilibre politique global.
A suivre…