Le président Macron a fait son quatrième voyage en Chine pour que la France reste dans les radars de l’Empire du milieu. Pour retrouver le chemin d’une croissance soutenue, l’hexagone doit devenir un lieu d’investissement pour les entreprises chinoises. Elles doivent y implanter des usines et des pôles de recherche. En se donnant de nouvelles capacités pour innover, une telle stratégie est un moyen de satisfaire aux objectifs du rapport Draghi. Mais le paradoxe de l’Europe est que tous les pays font cela en se faisant concurrence. Et l’on constate une pléiade d’investissements en Espagne, en Hongrie, en Allemagne et en France.
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La dynamique vis-à-vis de la Chine a changé radicalement. Initialement, la Chine était perçue comme un pays capable de produire à bas coût. C’était avec d’autres pays d’Asie, le lieu rêvé pour délocaliser sa production avant de la rapatrier en Europe.
Cependant très vite, les industriels se sont rendu compte que le marché chinois ne demandait qu’à croitre. Et le gouvernement de Pékin favorisait les investissements étrangers associés à des transferts de technologies.
Pour les occidentaux, il y avait de multiples gains à voir la Chine s’ouvrir. D’abord une production à moindres coûts et dans un deuxième temps un enrichissement des Chinois ce qui solvabilisait le marché local. En outre, les occidentaux souhaitaient que l’intégration par le commerce permette un basculement vers la démocratie.
Si les Chinois se sont enrichis, s’ils sont intégrés à l’économie globale, ils n’ont pas basculé vers la démocratie et ont, notamment depuis l’accession au pouvoir de Xi Jinping en 2013, accentué la dimension politique de la puissance chinoise.
Avons-nous été naïf dans notre approche de la Chine ?
Avant d’être naïve vis-à-vis de la Chine, la France l’a été sur le modèle qu’elle projetait sur elle-même. Elle a considéré qu’il était avantageux de transférer son industrie pour pouvoir produire moins cher tout en maîtrisant la chaine de production globale. C’était irréaliste et traduisait une vision auto centrée du monde.
La dépendance en résultant n’est franchement apparue qu’au moment du Covid mettant en lumière une dépendance perçue comme insupportable et qui ne parait pas réversible à court terme.
Vis-à-vis de la Chine, l’attitude est plus de la désinvolture. La Chine a surpris et continue de surprendre sans que cela ne modifie fondamentalement notre attitude.
Désormais les Français cherchent à bénéficier d’un transfert de technologies en souhaitant implanter des usines chinoises sur le territoire. C’est un moyen d’innover localement tout en maintenant le modèle social de l’économie française.
La désinvolture plutôt que la naïveté a caractérisé l’attitude de la France vis-à-vis de la Chine. La naïveté était dans le modèle que la France projetait pour elle-même. La désinvolture était de penser que la Chine s’adapterait à nos standards.
