L’abandon du plan santé par les Républicains aux Etats-Unis crée les conditions pour un retournement conjoncturel.
La logique est simple.
1 – On constate depuis Janvier 2015 une inflexion dans les indicateurs d’activité. J’avais déjà noté ce point ici. Le profil de la production industrielle et celui de la production manufacturière marquent une inflexion significative en janvier 2015. On l’observe aussi sur les taux d’utilisation des capacités de production.(voir les graphes en fin de post)
En d’autres termes, la dynamique macroéconomique n’est pas euphorique outre-Atlantique.
2 – Les enquêtes auprès des chefs d’entreprise sont, elles, euphoriques. L’indice ISM du secteur manufacturier est cohérent avec une croissance très solide et très dynamique. L’indice NFIB des PME est quasiment à son plus haut historique après une rupture à la hausse en décembre. Ces indices sont en décalages avec les indicateurs d’activité. Sur ce point, on observe un décalage très net entre l’indice ISM du secteur manufacturier et l’indice (CFNAI) calculé par la Fed de Chicago et synthétisant l’évolution de 85 variables réelles.(graphes en fin de post)
3 – Le risque est qu’il y a dans ces enquêtes une bonne partie d’anticipations excessives sur la capacité de Donald Trump à simplifier les diverses contraintes, à réduire les impôts et à relancer la croissance américaine. La déception résultant de l’abandon de la réforme de la santé, après seulement quelques semaines de débat, peut être un facteur clé et un catalyseur dans l’esprit des entrepreneurs américains. La réforme tant attendue est abandonnée. Dans le même temps la politique de baisse d’impôts ne semblent pas très bien partie en raison des difficultés rencontrées lors des discussions entre la Maison Blanche et le Congrès républicain.
4 – Une déception supplémentaire et les anticipations peuvent se retourner violemment entraînant un changement radicale dans les perspectives. L’horizon si dégagé après l’élection de Trump se bouche à nouveau réduisant les anticipations d’investissement “Comment parier sur demain lorsque les réformes ne peuvent pas être faites?”. Cela pourrait déboucher rapidement sur une récession en raison de l’incapacité pour chacun de se projeter dans le futur.
5 – Heureusement les conditions financières ne sont pas contraignantes et ne vont pas rajouter à la probable morosité à venir. Les taux d’intérêt sont bas et les conditions de crédit sont neutres. Les banques ne sont pas particulièrement contraignantes que ce soit vis à vis des grandes entreprises ou des PME. Cependant cela pourrait changer en cas d’anticipations plus négatives sur l’activité, les banques adoptant alors un comportement procyclique, favorisant ainsi un ralentissement supplémentaire.
6 – Le profil de la croissance américaine va être plus heurté que ce que l’on imaginait. La politique budgétaire sera d’une aide très réduite alors que la déception des chefs d’entreprise sera immense. Le risque de récession n’est pas loin.
Graphes