La Federal Reserve a remonté son taux d’intérêt de référence de 25 points de base. Il s’inscrit désormais dans le corridor [1; 1.25%]. C’est la 4eme hausse de taux depuis décembre 2015.
L’impact est très limité sur les taux d’intérêt car la Fed l’avait annoncée. C’est d’ailleurs la même stratégie qui est adoptée sur la question de la gestion du bilan. En communiquant très à l’avance chaque investisseur peut modifier ses anticipations et l’équilibre de son portefeuille. De la sorte, lorsque la nouvelle est effective l’impact est faible. Cela est aussi observable sur les marchés émergents qui se portent bien en dépit de la hausse des taux US. Par le passé, il y avait rapatriement de capitaux lors du resserrement de la Fed car les investisseurs étaient surpris. Là ils ne le sont pas.
La banque centrale américaine considère que ses objectifs sont atteints ou quasiment avec un taux de chômage a 4.3% et un taux d’inflation proche de 2%.
Si l’on suit les indications résultant des anticipations des membres du comité de politique monétaire il y aura une hausse supplémentaire en 2017. En suivant ces données il y aurait également 3 hausses de taux en 2018.
Le graphique montre la distribution cumulée des prévisions de l’évolution des taux par les membres du FOMC. Les prévisions portent sur 2017, 2018 et 2019. J’ai mis sur le graphe la distribution cumulée de juin mais aussi celle du dernier FOMC en mars. J’ai rajouté les médianes de chaque distribution.
On observe qu’il y a peu de changement dans la distribution des prévisions de taux entre mars et juin pour 2017 et 2018. Pour ces 4 distributions les médianes sont les mêmes pour chaque année. Il y a un léger repli pour 2019 lors des prévisions de juin mais rien de spectaculaire.
L’interrogation que l’on peut avoir sur la poursuite du mouvement porte sur le profil de l’inflation. Celle ci (CPI) s’est repliée en mai à 1.9% et à 1.7% pour l’inflation sous-jacente (voir le graphe au bas du post). Au regard du prix du pétrole le taux d’inflation pourrait continuer de se replier au cours des prochains mois et l’inflation sous-jacente a sensiblement reculé en raison du ralentissement du poste “Logement” qui explique près des 2/3 de la contribution de l’inflation sous jacente au taux d’inflation et par des postes comme la “Santé” et les abonnements téléphoniques. Ce dernier point apparaît conjoncturel mais on a du mal à imaginer que l’inflation sous-jacente reparte rapidement à la hausse.
Dès lors que doit faire la Fed en cas de ralentissement supplémentaire de l’inflation? Probablement pas remonter son taux de référence. Cela limite la probabilité d’une remontée de taux en septembre, repoussant la dernière hausse à décembre.
L’autre élément important de cette réunion a été l’annonce du mode de réduction de la taille du bilan de la Fed. Jusqu’à présent la Fed réinvestit les revenus et les remboursements des actifs de son portefeuille en actifs équivalents. Cela s’est traduit par la stabilité de son bilan depuis 2014.
Il y a deux mesures qui seront mises en œuvre pour réduire la taille du bilan. Pour les obligations d’Etat, la Fed fixe un seuil de réduction des achats de 6 milliards de dollars le premier mois. Le réinvestissement des revenus et tombées sera réduit de 6 milliards. Donc tout revenu issu du portefeuille au delà de ce plafond sera réinvesti dans des obligations équivalentes. Ce montant sera augmenté selon un pas de 6 milliards tous les 3 mois jusqu’à un maximum de 30 milliards. À chaque fois les revenus et tombées du portefeuille au delà du plafond seront réinvestis.
Pour les titres d’agence et les titrisations immobilières le montant initial sera de 4 milliards et le pas de 4 également jusqu’à un maximum de 20 milliards.
En d’autres termes, un an après le démarrage de l’opération la Fed réduira son bilan de 50 milliards de dollars par mois. Elle continuera ainsi jusqu’à ce que le niveau souhaité soit atteint. Sur ce dernier aspect la banque centrale indique que ce niveau sera supérieur à celui qui était constaté avant le début des opérations mais sans pour autant donner d’indication précise sur le niveau cible.
La mise en place de cette opération de grande ampleur pourrait avoir lieu dès le mois de septembre avec une application en novembre. La hausse de taux se fera alors en décembre si l’inflation est trop basse en septembre. Janet Yellen lors de la conférence de presse n’a pas indiqué quel était le niveau souhaité du taux des fed funds avant la mise en place de la gestion du bilan.
Graphe de l’inflation