Les mesures présentées font l’hypothèse d’une récession courte de l’activité. C’est volontariste alors que la durée de l’épidémie est encore inconnue.
Les mesures économiques annoncées par le président Macron complètent celles que Christine Lagarde a présenté cet après midi.
Le chef de l’Etat considère que l’économie va connaître un trou d’air durable. Celui ci est la conséquence de l’inquiétude chacun face à un environnement qui devient plus incertain mais aussi le résultat des mesures prises pour limiter la propagation de l’épidémie.
La BCE propose des opérations qui facilitent le financement des entreprises, notamment les PME, avec un coût négatif pour les banques (mesure associée au TLTRO). Le président français propose le report du paiement des impôts et des charges du mois de mars mais aussi le financement du chômage partiel.
La conjoncture va devenir plus difficile dans les prochaines semaines et elle l’est déjà pour nombre d’entreprises. Il faut pouvoir assurer la survie de ses entreprises alors que la récession guettera l’économie française.
La BCE et le gouvernement français veulent éviter que cette période difficile ne se transforme en drame pour les entreprises et pour l’emploi.
Chacun fait l’hypothèse que le choc sera temporaire même s’il dure un peu. En d’autres termes ils font le choix d’anticiper qu’autour de l’été le risque de propagation du virus aura disparu.
Le président Macron a répété à 3 reprises que tous les moyens seront mis en œuvre pour que cette période difficile ne soit pas une période de rupture. Cela implique une forte hausse du déficit public.
C’est normal. Face à un choc collectif, il faut une réponse collective et mutualisée. La hausse du déficit et la dette publique plus élevée qui en résultera permettra de lisser le choc dans le temps et de ne pas faire porter le poids de l’ajustement aux salariés et aux entreprises dès maintenant. C’est un rôle de la politique économique.
Dans des périodes exceptionnelles, les lois budgétaires permettent de déroger à la règle de la convergence vers l’équilibre. Profitons en.
Le choix du financement du travail partiel est cohérent avec la volonté de mettre en œuvre un plan de relance à la fin quand la situation sera éclaircie.
La baisse d’activité devrait entrainer une baisse de l’emploi. Cela se traduirait par des coûts importants pour les entreprises. Il y aurait aussi des coûts forts au moment de la reprise et au moment de la reprise lorsque les entreprises se remettront à embaucher. Si elles se sont séparées de leurs employés, le processus de recrutement pourrait être très long si tout le monde se comporte de la même façon au même moment.
Le financement du travail à temps partiel est de maintenir le salarié dans l’entreprise avec une prise en charge, partielle ou totale, de son salaire par l’Etat. L’intérêt est que si une reprise se met en place les salariés seront déjà en place. Il suffira alors de supprimer le temps partiel et très vite l’entreprise pourra tourner à pleine capacité.
Si comme cela a été annoncé le gouvernement français et l’Europe font un plan de relance lorsque les risques auront disparu alors les entreprises françaises pourront répondre immédiatement et profiter du mouvement haussier.
Les allemands avaient mis en œuvre une politique identique en 2009. Cela avait couté cher à l’Etat allemand à court terme mais la reprise de l’économie allemande en phase avec la reprise chinoise avait largement compensé le coût de la mesure.
Toutes les mesures présentées sont cohérentes et pertinentes au regard du choc qui secoue les économie européennes.
Deux remarques néanmoins;
– On ne connait pas la longueur du trou d’air. Chacun espère qu’il ne sera pas trop long. Dans ce cas , le financement des mesures sera aisé. Si cela dure au delà de l’été il est probable que des aménagements pourraient être faits.
– Le président Macron a appelé à une vaste réponse internationale, indiquant qu’il appellerai le président Trump demain. Au regard des déclarations de Trump hier soir, cela risque d’être vain (voir ici)