La récession est souhaitée par les gouvernements pour réduire la pandémie. C’est une première et c’est pour cela que la crise n’est pas ordinaire.
La crise actuelle a deux composantes inédites. La première est que chaque gouvernement souhaite que son économie entre en récession et la seconde qui est que tous les gouvernements le font en même temps.
Avouez que c’est original et que cela n’a rien à voir avec la crise de 1929, de 1987, de 2001 ou encore de 2008. Jamais les gouvernements n’avaient de façon rationnelle poussé leur économie en récession. Ne l’aurait-il pas fait que l’on aurait pu les traiter d’irresponsable face à la crise sanitaire qui met le monde en danger.
Le confinement permet de limiter la contagion virale mais il doit s’accompagner de mesures de compensation.
Chaque gouvernement veut mettre tous les moyens pour réduire cette possibilité d’une contagion et chaque autorité, des gouvernements aux banques centrales, a la perception que plus les moyens seront importants, plus la fin de la contagion sera proche.
La récession n’en sera que plus profonde.
Le choc est fort, persistant et d’une nature nouvelle comme l’ont montré les enquêtes Markit de ce matin. Les indices d’activité sont très faibles, comparables à ceux de 2008 (plus faible qu’en 2008 pour la France et l’Allemagne) mais fait nouveau, ce sont les services qui, quel que soit le pays, pénalisent le plus l’activité. Le caractère stabilisant des services n’est plus vérifié dans cette crise. Ce n’est plus la volatilité du secteur manufacturier qui mène le cycle économique mais celle des services. On a ici une mesure de l’impact de l’arrêt du transport aérien et du tourisme. On ne dispose pas encore vraiment des mesures du confinement car aucun des pays publiés le 24 mars n’avait été confinés plus d’une semaine. Le chiffre d’Avril pourrait alors être révélateur de la contrainte engendrée par le confinement.
L’autre remarque est ce choc sur l’activité se produit dans des économies occidentales dont la capacité de rebond est limitée. Les gains de productivité observées avant la crise étaient faibles partout et la croissance potentielle beaucoup plus réduite qu’avant la crise de 2008. La capacité de rebond sera donc limitée lors de la reprise marquant la fin de l’épidémie. La croissance future sera plus réduite que celle observée récemment puisque le choc s’est traduit par une baisse de l’investissement des entreprises et donc d’une obsolescence plus rapide du capital productif.
Toutes les économies sont atteintes et désorganisées sous les effets conjugués de la contagion et du confinement. Imaginer que l’économie globale puisse se réorganiser rapidement alors que sa capacité de rebond est réduite est un leurre. La possibilité de s’ajuster rapidement est beaucoup plus faible puisque le mouvement est plus lent et d’une moindre ampleur.
L’économie va franchement changer avec cette crise. La croissance lente qui en résultera va engendrer une demande plus forte de politique et de relocalisation de la production vers les pays occidentaux. L’économie globale qui s’était tournée vers davantage d’ouverture et de globalisation pourrait désormais se réorienter vers davantage de préoccupations internes et la réinvention des frontières. Pas une bonne nouvelle.