La dégradation du marché du travail, en mars, par le ministère du travail est cohérent avec le fort ralentissement des embauches (Acoss). Dans la reprise, les inscrits à Pôle Emploi passeront après ceux qui sortiront du chômage partiel. La faible croissance de l’activité va accroître rapidement le nombre d’inscrits. Le choc sera persistant et le retour à l’emploi sera très long à se dessiner.
La hausse des inscrits à Pôle Emploi ne peut pas être une surprise après la lecture des chiffres d’embauches publiés par l’Acoss pour le mois de mars (voir L’emploi, la vraie question pour l’économie française) . L’institution indiquait qu’en mars, le nombre d’embauches de plus d’un mois s’était contracté de -164 183.
Cela correspond à la rupture du marché du travail après le début du confinement le 17 mars. Il en est de même pour les données d’inscriptions à Pôle Emploi. Celles-ci augmentent de 246 100 après avoir reculé de façon quasi continue depuis Juin 2018. L’ensemble des catégories A, B et C sont en hausse de 177 500.
Cela correspond à des entrées pour non renouvellement des contrats (CDD, Intérim) et des sorties en raison de moindres reprise d’emplois, d’entrées en stage et de sorties pour défaut d’actualisation (non déclaration d’une reprise d’emploi).
Cette dynamique n’est pas étonnante au regard de l’évolution du marché du travail français depuis le début du confinement.
Cette hausse des inscriptions à Pôle Emploi n’est pas terminée puisque la dégradation de l’activité a été constatée tout au long du mois d’avril (les enquêtes de l’Insee et de Markit en témoignent).
Lors de la reprise de l’activité, les personnes inscrites à Pôle Emploi ne seront pas prioritaires. Les entreprises devront d’abord reprendre les personnes en chômage partiel. Dès lors, la reprise lente qui caractérisera l’économie française va se traduire par un niveau de PIB durablement plus faible qu’en 2019 et donc un niveau d’emploi plus faible qu’en 2019. (voir Le coût permanent de la crise sanitaire en France).
Une conséquence immédiate est que les personnes en chômage partiel ne retrouveront pas tous leur emploi. On peut s’attendre à ce qui ne seront pas repris passent en second car ils auront encore une employabilité élevée. En revanche, ceux inscrits à Pôle Emploi seront les derniers servis. C’est un phénomène bien connu d’insider/outsider. Les salariés en place préfèrent travailler davantage que d’accepter de nouveaux emplois.
Cela doit obliger à une mobilisation sur la formation pour que chacun puisse, à terme, retrouver un emploi et contribuer au renouveau de la croissance. Le processus sera long.