L’emploi privé en France a reculé de 119 400 au deuxième trimestre après -497 500 durant les trois premiers mois de l’année. Ce repli de -0.6% ne se compare pas cependant au recul du PIB de -13.8% sur la même période.
Hors intérim, l’emploi recule cependant plus qu’au premier trimestre. La baisse hors intérim était de 179 300 durant les 3 premiers mois indiquant le trole essentiel de l’intérim pour comprendre le chiffre de près de 500 000 emplois supprimés. Au printemps, l’emploi hors intérim baisse de 227 900 soit au-delà du chiffre global. La reprise modérée de l’intérim reflète la forme de l’ajustement du marché du travail.
La différence d’allure entre les deux courbes provient de la mise en place du chômage partiel. Cette procédure ne reflète pas une suppression d’emploi et n’est donc pas comptabilisée comme de l’emploi en moins. En mars, elle n’existait pas encore et l’ajustement avait été très vigoureux. Sa mise en place avec le confinement a modifié les ajustements sur le marché du travail. Les emplois suspendus via le chômage partiel ne sont pas pris en compte dans le décompte ci-dessus.
La situation va évoluer à partir du 1er octobre car les indemnisations du chômage partiel seront plus réduites pour les salariés et plus chères pour les entreprises. Cela se traduira par un nouvel ajustement sur le marché du travail car l’équilibre qui avait été mis en place pendant et après la période de confinement va être modifier.
C’est sur ces points qu’il faudra être attentif notamment si le rattrapage de l’activité constaté en mai et juin évolue sur un rythme un peu moins rapide.
L’ajustement est donc encore à venir, il a été repoussé par les procédures mises en place par le gouvernement. L’objectif pour les pouvoirs publics était de mettre l’ajustement de l’emploi entre parenthèses le temps que l’activité retrouve une allure normale. Cela fonctionnera en grande partie mais il y a des fragilités. En outre, tous les secteurs ne pourront reprendre selon la même allure. De nombreux secteurs des services dont l’activité sera durablement pénalisée bénéficieront de la procédure d’activité partielle de long terme. Cela permettra aussi de lisser dans le temps l’ajustement de l’emploi dans ces secteurs.
Sur le plan sectoriel, deux mouvements forts ont été constatés sur les premiers mois de l’année. Le premier porte sur les services marchands qui ont été directement pénalisés par le confinement. Le retour à une situation équivalente à celle de l’avant crise prendra du temps car plusieurs secteurs bénéficieront de la procédure d’activité partielle de long terme. L’autre mouvement notable porte sur l’intérim. La baisse d’activité à la fin du mois de mars s’était traduite par un non renouvellement des contrats d’intérim. Depuis, l’intérim permet de faire face aux éventuelles tensions sur l’activité dans un contexte où les embauches à plus d’un mois (source Acoss) sont encore, en juin, plus de 10% en dessous de la moyenne de janvier et février. Les entreprises restent prudentes.