Le prix du pétrole vient de passer au-dessus de 80 dollars le baril. C’est un premier signal de retour à la normale. Les ajustements économiques reprennent le dessus. Cela surprend parce que l’on s’était habitué à des ajustements macroéconomiques modulés par l’intervention des gouvernements.
La brutalité de la crise avait été amortie par la politique économique. Ainsi, l’ajustement sur le marché du travail n’a-t-il pas eu l’ampleur qu’il aurait dû avoir si l’Etat ne s’était pas substitué aux mécanismes de marché.
Avec le prix du pétrole et du gaz qui progressent rapidement, la réalité économique revient au galop. La reprise de l’activité a dopé la demande d’énergie tirant les prix à la hausse et les gouvernements ne peuvent pas faire grand chose face à cela. Ils ont tout fait pour réduire le risque sur l’activité et les revenus. Ils ont eu raison de le faire mais lorsque le cycle économique s’améliore effectivement, ne soyons pas surpris par la hausse des prix. Cet ajustement peut, en outre, être accentué par les comportements stratégiques des producteurs notamment dans la gestion des stocks.
Il y a un an, la déprime épidémique maintenait les prix du Brent autour de 40 dollars. Le retour à un situation plus normale s’est d’abord traduit par un prix qui s’est calé au voisinage de 70 dollars puis désormais de 80.
L’impact de la hausse récente du prix de l’énergie sur le taux d’inflation s’observe dans la progression rapide de la contribution de l’énergie au taux d’inflation. En août 2021, l’énergie expliquait la moitié de l’inflation de la zone Euro et un tiers de l’inflation US.
Si le prix reste à 80 dollars le baril, la contribution devrait rester forte mais s’infléchir au cours des prochains mois.
Dans ces conditions les banques centrales (BC) n’interviennent pas. Et cela pour trois raisons.
La première est que l’incidence d’une banque centrale sur le marché pétrolier est réduit. Ce serait dépenser beaucoup de ressources pour pas grand chose.
La deuxième est que le risque pour la banque centrale est d’intervenir à contretemps. La hausse du prix se traduit par une baisse de pouvoir d’achat. Si la BC durcit sa politique monétaire, l’effet ne se fera sentir que dans quelques mois avec un effet négatif sur l’activité et l’emploi alors que la variation du prix du pétrole ne sera plus aussi réductrice de pouvoir d’achat. Pour éviter ce type de situation, la BC a tout intérêt à rester neutre.
Le troisième aspect est que ce qui intéresse le plus les BC est le lien entre prix du pétrole et salaires. Si le lien est réduit ou inexistant, l’inflation ne sera pas persistante limitant alors l’intérêt d’une intervention des BC. Ce lien est actuellement très faible .
Le dernier point est celui de la cherté relative du pétrole. Comment se compare le prix actuel à celui observé dans le passé lorsque l’on déflate le prix de l’or noir de l’inflation US.
Il n’est pas très cher à 80 dollars. Il était beaucoup plus cher dans les années 1970 ou même avant la crise financière.
Il n’est pas encore temps de s’alerter et de mettre en place des mécanismes pour amortir la hausse du prix.
Dans les mois et les années qui viennent, le prix de l’énergie va encore grimper. La convergence vers la neutralité carbone va se traduire par une réduction drastique de l’utilisation des énergies fossiles à 20% de la consommation totale en 2050 contre 83% en 2020 selon les statistiques publiées par BP.
Le prix du pétrole s’ajuste désormais en fonction de l’allure du cycle économique et non plus conditionnellement à la politique économique.
La convergence vers la neutralité carbone et la moindre utilisation qui devra être faite des énergies fossiles vont doper son prix obligeant le consommateur et l’entreprise à des arbitrages qui pénaliseront le pouvoir d’achat .
Le post existe en version pdf