La hausse du taux d’incidence en France a forcé le gouvernement à présenter de nouvelles mesures afin de lutter contre la propagation rapide du virus.
La logique est la suivante: le fort taux d’incidence provoque un risque d’engorgement des systèmes de santé. Les hôpitaux ne peuvent plus fonctionner de façon équilibrée. Le coût humain s’accroit rapidement obligeant à prendre des mesures encore plus restrictives pour limiter la circulation du virus. Le risque alors est de peser sur l’activité économique.
C’est cet arbitrage qui est au cœur des décisions des gouvernements, il faut jauger la gravité de la situation sanitaire à l’aune du risque sur l’activité économique. Dans la plupart des pays, la vaccination est l’arme de réduction du risque sanitaire, donnant ainsi la possibilité de ne pas peser sur l’activité économique.
Le gouvernement français s’est appuyé sur cette dynamique de la vaccination pour réduire l’incertitude, limiter les contraintes sur le système économique et faciliter ainsi le rattrapage de l’activité économique par rapport à son niveau d’avant crise. Cela a plutôt bien fonctionné puisque le PIB est revenu à son niveau d’avant crise sanitaire au 3ème trimestre de cette année et l’emploi est plus élevé qu’en 2019.
L’arrivée du nouveau variant Omicron change la donne comme le montre le premier graphe ci-contre. Pour l’instant, les systèmes de santé ne sont pas aussi tendus qu’à d’autres périodes du passé (graphe 2) mais le risque n’est pas nul de voir cette situation se détériorer au cours des prochaines semaines. Une détérioration plus importante par rapport à la situation actuelle pourrait nécessiter des mesures plus contraignantes pour limiter la propagation et l’engorgement du système de santé.
Le gouvernement français a pris deux types de mesures et a fait une hypothèse forte.
La première mesure est celle du pass vaccinal qui remplace le pass sanitaire. Il requiert un parcours vaccinal complet et devra être présenté dans de nombreux lieux publics et peut être aussi, c’est en discussion, dans les entreprises. Toute activité serait alors conditionnée par la présentation de ce pass vaccinal. Validé lundi 27 en conseil des ministres, il pourrait s’appliquer dès le 15 janvier.
Les secondes mesures sont celles qui ont été présentée en conférence de presse le 27 décembre par Jean Castex et Olivier Véran. Il s’agit de mesures temporaires, 3 semaines, portant sur le télétravail, les jauges dans les salles de spectacles et des contraintes sur les cafés/restaurants.
L’hypothèse est que ces mesures temporaires suffiront à faire le lien avec le pass vaccinal. En d’autres termes, les tensions liées au nouveau variant sont considérées comme de court terme. L’accélération récente ne s’inscrirait pas dans la durée et sa léthalité serait elle aussi limitée.
Le schéma repose donc sur le pass vaccinal et sur l’hypothèse que le variant n’aurait pas un impact durable alors que sa léthalité resterait réduite. Dès lors, les mesures prises pour 3 semaines pourraient permettre d’atténuer les pressions immédiates afin de faciliter le passage au pass vaccinal.
Si l’économie française se retrouve dans de telles conditions, l’impact sur la macroéconomie sera limitée dans le temps et modérée dans son ampleur. L’économie française devrait avoir un acquis de 2.2% à la fin 2021 pour 2022. L’ensemble de l’année devrait connaitre une croissance de l’ordre de 3.6%. On peut marginalement minorer cette attente si le virus se conforme aux hypothèses du gouvernement qui pourraient provoquer une érosion de l’activité au tout début de l’année. Si en revanche, les tensions sanitaires s’accentuent alors le chiffre de croissance devrait être revu à la baisse pour les 3 premiers mois de l’année et modifier de façon significative le taux de croissance attendu pour 2022. On pourrait perdre 0.2/0.3% sur le chiffre annuel.
Si la tension sanitaire est plus longue qu’attendue, la question de l’intervention du gouvernement reviendra en première ligne. Faudra-t-il que le gouvernement remette la main à la poche pour limiter le risque économique comme il l’avait fait depuis le premier confinement. Cela se traduirait par un déficit public plus important. Cela ne toucherait pas que la France car tous les pays européens sont affectés. Est ce que la BCE serait alors prête à remettre en route un PEPP d’un genre nouveau ?
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