L’emploi salarié privé a progressé de 106 700 au dernier trimestre de 2021 après déjà 95 000 au cours de l’été.
En moyenne sur l’année 2021, 539 200 emplois ont été créés, chiffre à mettre au regard des 357 500 supprimés en 2020.
Par rapport au dernier trimestre 2020, l’emploi à la fin de l’année 2021 est supérieur de 650 000.
L’emploi moyen sur 2021 est supérieur à l’emploi moyen de 2019. Au regard de ces données, la crise sanitaire a été effacée.
Plusieurs remarques
L’emploi n’a pas encore retrouvé la tendance d’avant crise. S’il a rattrapé rapidement la chute de 2020, l’emploi est encore 1% au-dessous de la tendance d’avant crise (2015-2019).
La comparaison avec l’allure de l’activité (PIB) est aussi intéressante.
Le deuxième graphe montre l’évolution conjointe de l’emploi (ligne horizontale) et du PIB (ligne verticale). La ligne représente la tendance calculée sur la période 2011-2019, elle n’intègre donc pas la crise sanitaire.
En 2020, le choc négatif a porté sur le PIB mais la politique économique a permis de limiter la perte d’emplois. En 2021, le mouvement est inverse avec un rattrapage fort sur l’activité et une évolution moindre de l’emploi au regard de la tendance qui prévalait avant la crise sanitaire. C’est une autre façon de mesurer l’impact de la politique économique. Elle a permis d’éviter un choc négatif trop important sur l’emploi. Le risque aurait été, sans les mesures, un niveau d’emploi durablement bas après le choc.
Cependant, les gains de productivité sont réduits. Le troisième graphe montre l’évolution du ratio (PIB sur emploi salarié du secteur privé). L’écart avec la tendance est de 2.5%. La crise ici n’est pas effacée. Cela a des conséquences, à terme, sur la dynamique du pouvoir d’achat car la productivité et le pouvoir d’achat doivent évoluer de façon cohérente. Les très importantes créations d’emplois, dont on peut se réjouir à court terme car elles solvabilisent la demande, sont à relativiser à moyen terme si cela pénalise la productivité.
On peut anticiper qu’en 2022, si la croissance se prolonge (on attend 3.9%), l’emploi ne suivra pas dans les mêmes termes. Un net ralentissement de l’emploi est attendu en 2022.
Par secteurs, on notera que le secteur manufacturier n’a pas encore retrouvé son niveau d’avant crise, c’est d’ailleurs le seul secteur dans cette position. On notera aussi le retour à une certaine normalité sur le marché de l’emploi avec enfin un rebond sur le marché de l’intérim. Jusqu’à présent, la reprise de l’emploi s’effectuait sans l’intérim, le rattrapage a enfin eu lieu au dernier trimestre 2021.
Ce phénomène spécifique à cette crise est probablement lié aux mesures gouvernementale sur l’emploi puisque le risque sur les embauches était perçu comme limité. Les entreprises pouvaient embaucher directement et ne pas faire appel à l’intérim. La reprise se renforçant les entreprises anticipent que les mesures de soutien sur l’emploi vont se réduire. En conséquence, elles retrouvent un comportement plus habituel.