Au moment de l’Accord de Paris, le 12 décembre 2015, il y a 8 ans, le seuil de 1.5°C pouvait être atteint en 2045 selon l’agence européenne Copernicus.
Le même exercice opéré pour la COP28 mais sans prendre les températures record de novembre 2023 avance cette date à 2034.
La date de convergence vers 1.5°C a été avancé de 11 ans et l’effort à mettre en œuvre pour infléchir les comportements repoussé de 8 années. Dit autrement, le monde a perdu 19 ans en l’espace de 8 ans.
Les deux graphes représentent les projections de températures lors de l’Accord de Paris, en haut, puis en utilisant les dernières données, en bas. La projection se fait sur la moyenne sur 30 ans des températures. L’objectif est de bien prendre en compte la tendance. C’est cette tendance qui, en décembre 2015, menait à Mars 2045. On voit que toutes les données depuis cette date sont au-dessus de la tendance qui prévalait au moment de la signature de l’Accord de Paris. C’est une mesure de l’absence d’accord collectif sur le climat. La même méthodologie conduit à février 2034 avec les données récentes.
Ce constat de l’Agence Européenne pourrait peut-être même paraitre optimiste au regard d’une année 2023 qui a été la plus chaude et durant laquelle les émissions de CO2 ont été les plus élevées. C’est aussi une année record pour la consommation d’énergies fossiles. On ne peut donc pas exclure que 2024 soit au moins aussi chaude que 2023 (notamment en raison d’El Nino) et qu’en conséquence, la date de dépassement du seuil de 1.5°C ne soit en avance sur 2034.
C’est pour une raison comme celle-ci que le communiqué de presse à l’issue de la COP28 apparait en décalage. Le monde a perdu 19 années depuis l’Accord de Paris mais chacun s’émerveille sur l’inclusion, sans contrainte, du terme d’énergies fossiles et de l’idée vague que l’on s’éloignerait de ces énergies fossiles dans les systèmes énergétiques.
(Transitioning away from fossil fuels in energy systems, in a just, orderly and equitable manner, accelerating actions in this critical decade, so as to achieve net zero by 2050 in keeping with the science (article 28 alinéa d du communiqué de presse)
La perception du changement du monde est à deux vitesses.
Il y a ceux qui s’alertent parce que le temps passe plus vite que ce qui serait raisonnable. On a perdu 19 ans soit une génération comme le souligne Magali Reghezza sur X. (@magaliReghezza)
Il y a les décisions politiques qui ne semblent pas prendre la mesure de ces 19 années perdues et de l’importance que cela aura pour la viabilité du système Terre.
Cette divergence risque d’accentuer les tensions sociales car les conséquences du changement climatique sont perceptibles un peu plus chaque jour aux treize coins du monde.