Dans le livre, ” Perdre la Terre”, l’auteur, Nathaniel Rich, explique comment, notamment à partir du mandat de Jimmy Carter, le changement climatique est passé du haut de l’agenda américain avant de dégringoler au bas de la pile des priorités.
Les scientifiques, les politiques de tout bord, démocrates ET républicains, mais également la population américaine avaient conscience des effets dramatiques que pourrait avoir le réchauffement climatique.
À l’époque, il manque juste le courage politique pour en faire une cause globale sous le leadership des États-Unis. Même les producteurs d’énergies fossiles, conscients des conséquences des émissions carbonées, mettaient des capitaux dans la recherche.
En 1979, le rapport Charney montrant la mécanique et les impacts du changement climatique faisait référence chez les scientifiques et ailleurs. C’est un élément mobilisateur.
Puis patatras, Ronald Reagan est élu et tous les budgets alloués à ces travaux, à ces recherches se réduisent rapidement. Les climatosceptiques envahissent la Maison-Blanche.
Le moment magique est passé et Bush senior ne changera pas franchement les choses lors de son mandat. Néanmoins, sous la pression des scientifiques et des ONG, le gouvernement américain acceptera, en 1989, un accord pour limiter les émissions de GES à l’horizon 2000 au niveau de celles de 1990. C’est un premier pas, mais qui est bien tardif. Cette période de retour en arrière a permis aux entreprises du secteur des énergies fossiles d’inverser la tendance et de communiquer sur la nécessité des énergies fossiles, un peu à l’image des fabricants de cigarettes avec le cow-boy.
Pourquoi évoquer une telle rupture ?
Il a fallu qu’un homme change dans le bureau ovale pour que des années d’efforts soient anéanties. Sans l’arrivée de Reagan, un accord international aurait certainement eu lieu plus tôt. La trajectoire pour la transition énergétique aurait été plus lisse et la neutralité carbone plus facile à atteindre.
Il a fallu attendre 10 années supplémentaires. C’est très long et dévastateur pour la gestion du climat.
Le 5 novembre prochain, les Américains se prononceront pour élire un nouveau président. Le candidat Trump a déjà fait part de sa volonté de retour en arrière et de son souhait de favoriser toutes les explorations pétrolières et gazières.
J’ignore ce que fera le candidat s’il est élu, mais il disposera d’une grande marge de manœuvre. Durant son mandat précédent, beaucoup soutenaient l’impossibilité de faire sortir les États-Unis de l’accord de Paris, il l’a pourtant fait.
On peut avoir toute sorte de configurations et il ne faut en éliminer aucune. Le risque est cependant de perdre beaucoup de temps alors que les signaux de dégradation sont plus sévères et que les événements climatiques se multiplient.
Le pire n’est jamais sûr, mais il faudra être très vigilant.