Les points de basculement climatique (CTP) sont des conditions au-delà desquelles les changements dans une partie du système climatique deviennent auto-entretenus. Ces changements peuvent entraîner des impacts brusques, irréversibles et dangereux, avec de graves implications pour l’humanité.
Le déclenchement de CTP entraîne des impacts importants et pertinents, notamment une élévation substantielle du niveau de la mer due à l’effondrement des calottes glaciaires, le dépérissement de biomes biodiversifiés tels que la forêt amazonienne ou les coraux d’eau chaude, et la libération de carbone due au dégel du pergélisol.
Nous identifions neuf éléments de basculement « fondamentaux » mondiaux qui contribuent de manière substantielle au fonctionnement du système terrestre et sept éléments de basculement « d’impact » régionaux qui contribuent de manière substantielle au bien-être humain ou qui ont une grande valeur en tant que caractéristiques uniques du système terrestre (voir figure).
Leurs seuils de CTP estimés ont des implications importantes pour la politique climatique : le réchauffement climatique actuel d’environ 1,1 °C au-dessus de l’ère préindustrielle se situe déjà dans la limite inférieure de cinq plages d’incertitude de CTP.
Six CTP deviennent probables (avec quatre autres possibles) dans la fourchette de réchauffement de 1,5 à < 2 °C de l’Accord de Paris, y compris l’effondrement des calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique occidental, la disparition des récifs coralliens de basse latitude et le dégel brutal et généralisé du pergélisol.
Un CTP supplémentaire devient probable et trois autres possibles au réchauffement d’environ 2,6 °C attendu dans le cadre des politiques actuelles.
Notre évaluation fournit des preuves scientifiques solides en faveur d’une action urgente pour atténuer le changement climatique. Nous montrons que même l’objectif de l’Accord de Paris visant à limiter le réchauffement à bien moins de 2 °C et de préférence à 1,5 °C n’est pas sûr, car un réchauffement de 1,5 °C et plus risque de franchir plusieurs points de basculement.
Le franchissement de ces points de basculement peut générer des rétroactions positives qui augmentent la probabilité de franchir d’autres points de basculement. Actuellement, le monde se dirige vers un réchauffement climatique d’environ 2 à 3 °C ; au mieux, si tous les engagements de zéro émission nette et les contributions déterminées au niveau national sont mis en œuvre, le réchauffement pourrait atteindre un peu moins de 2 °C. Cela réduirait quelque peu les risques de point de basculement, mais resterait dangereux car cela pourrait déclencher plusieurs points de basculement climatiques.
Source : Revue Science David Armstrong McKay Lien https://bit.ly/3CQ0oNx