Mettre des barrières aux frontières doit selon Trump augmenter le prix des produits et inciter à produire localement. Dans ce cas, à exportations données, le déficit se réduit. Sauf que cela prend du temps car il faut produire le bien de substitution qui initialement n’est pas produit aux US (téléphone ou ordinateur par exemple).
Un pays qui fabrique un produit peut justifier d’un droit de douane temporaire si des aléas ont pénalisé sa production. Le droit de douane est aussi évoqué pour les industries naissantes afin de les protéger. Mais l’effet prend du temps
Krugman pense que trois raisons doivent être évoquées pour comprendre ce qui pourrait se passer
- Les économies sont très imbriquées. Une entreprise a besoin dans son processus de production, d’éléments qui viennent de l’étranger. Pour produire le bien US, la hausse des tarifs va accroître le coût global de production et rendre l’activité US moins compétitive. C’est ce qui risque d’arriver dans l’automobile. Les constructeurs US dépendent de produits qui viennent du Mexique et du Canada. C’est une conséquence de l’Accord de Libre Échange Nord Américain (ALENA). Mettre des tarifs de 25% pour les flux venant du Mexique et du Canada c’est prendre le risque in fine de rendre l’industrie automobile américaine moins compétitive et dégrader la balance du secteur.
- Les trois grandes zones d’échanges sont les US, la Chine et l’Union Européenne. Les taxes douanières provoqueront des représailles comme en 2018. L’issue sur le déficit n’est pas clair.
- Les relations extérieures d’un pays se traduisent par une égalité comptable.
La balance commerciale + le revenu net des investissements + les flux nets de capitaux = 0
La somme des deux premiers termes représente le compte courant qui a une contrepartie dans les flux de capitaux. Un compte courant déficitaire se traduit par des flux équivalent de capitaux qui entrent.
La logique est aussi que les flux de capitaux puissent aussi déterminer le solde de la balance commerciale.
Les droits de douane peuvent réduire les échanges de biens et limiter les capacités à importer. Dès lors maintenir un déficit commercial très élevé suppose un dollar très très fort. Le déficit commercial baisserait alors mais les flux de capitaux aussi par manque d’attrait pour des placements aux US.
Commentaire
Mon sentiment sur la politique commerciale de Trump est avant tout de reprendre le leadership sur la Chine. La politique de 2018 était trop timide pour être efficace. Il faut donc la généraliser pour contraindre davantage l’Empire de Milieu. La deuxième étape est plus classique en favorisant la production locale au détriment de reste de monde. Au total, pas sûr que l’économie US s’en sorte mieux. La risque est de degrader toute coopération internationale, pénalisant tout la monde.
Source: Stone Center on Socio-Economic Inequality Paul Krugman Lien https://bit.ly/3ZAIFmb