Après la grande récession de 2008, les banquiers centraux se sont vite retrouvés face à une équation impossible. Les taux d’intérêt, même à 0%, étaient trop élevés pour soutenir l’activité. Pour compenser, elles mirent en place une politique d’achats d’actifs.
Sur un marché, il y a un prix, le taux d’intérêt, et des quantités, les liquidités. Si le mode d’ajustement par les prix ne fonctionne pas alors il faut s’ajuster par les quantités. C’est le sens du quantitative easing.
La Fed a démarré cette politique non orthodoxe en 2009, la BCE y a eu recours après la crise de la dette souveraine et les difficultés de retrouver le chemin de la croissance.
Cette politique non orthodoxe n’a pas été la plus efficace. Au regard de l’accroissement spectaculaire de la taille des bilans des banques centrales, l’effet sur la croissance a été limité, posant d’ailleurs une question majeure sur l’impact de la politique monétaire. L’investissement n’a pas bondi en Europe. Sinon Mario Draghi n’aurait pas fait son rapport sur le retard des Européens sur les innovations.
Cette politique a néanmoins dopé le prix des actifs financiers et accru les inégalités; les portefeuilles des personnes les plus riches sont principalement investis en actifs financiers.
L’idée d’une reprise équitable associée à la politique monétaire n’est donc pas l’histoire que l’on peut raconter.
Pendant toute cette période, le consommateur en a peu profité à l’exception de ceux accédant à la propriété et qui bénéficiaient de taux d’intérêt bas. Mais posez vous la question ? À quel moment avez-vous tiré profit de la politique monétaire non orthodoxe ? Jamais.
C’est curieux, car dans les pays occidentaux la consommation représente de 50 à 70% du PIB, et les autorités voulaient relancer sans toucher à la consommation !!!!
Johannes Boehm et Xavier Jaravel pensent que les banques centrales doivent agir directement auprès du consommateur.
La banque centrale peut agir plus vite qu’un gouvernement qui veut assouplir sa politique budgétaire. Elle pourra ainsi réduire l’occurrence d’une crise.
Les auteurs se basent sur des expériences notamment celles observées pendant la crise du Covid. L’afflux de liquidités distribuées par le gouvernement US s’est grandement retrouvé en consommation.
Pourquoi ne pas appliquer une stratégie plus réactive via la banque centrale. Il y a deux conditions.
1- Que la banque centrale soit indépendante du gouvernement pour éviter les pressions politiques
2- Que l’opération soit limitée dans le temps. Chaque citoyen aurait une carte bancaire sur la banque centrale et une durée limitée pour dépenser un certain montant. L’idée est donc d’intervenir pour recaler l’économie sur la bonne trajectoire plutôt que de prendre le risque de la voir s’enfoncer dans la crise en attendant une éventuelle politique budgétaire qui pourrait ne pas venir.
Source: Project Syndicate Johannes Boehm Xavier Jaravel Lien https://bit.ly/3VJjvzs