Les Etats-Unis et la Chine ont choisi de renforcer leur politique industrielle pour pouvoir continuer d’innover et garder le cap d’une dynamique technologique génératrice de productivité et de revenus supplémentaires.
En renforçant leur demande intérieure ces deux économies disposeront d’une base stable face à un environnement international plus aléatoire. La politique industrielle doit aider à moduler l’orientation de l’économie pour gagner en autonomie car le monde n’est plus aussi coopératif qu’il l’était pendant la montée en force de la globalisation.
Le renforcement de la dynamique interne doit réduire les risques d’une sensibilité trop forte liés aux à-chocs en provenance du reste du monde tout en réduisant la volatilité des gains de productivité et des emplois et revenus associés.
En Europe, le 26 février prochain, les grands axes de la stratégie industrielle seront présentés. C’est une étape importante qui devra traduire la réponse des européens aux défis américain et chinois. Dans un monde moins coopératif, il faut pouvoir se définir par une stratégie autonome.
Stéphane Séjourné, le nouveau commissaire européen, a donné un interview à Politico en dégageant les principaux axes de ce qui pourrait être la stratégie européenne pour l’industrie.
Il y a 3 grands axes
- Être actif pour maintenir les entreprises industrielles existantes. Cela passe par des aides spécifiques
- Définir une stratégie pour réduire les coûts énergétiques qui sont beaucoup trop élevés en Europe par rapport au US. C’est un défi de compétitivité.
- Donner un rôle actif aux marchés publics notamment pour accélérer les stratégies décarbonées.
Un tel cadre aurait du sens si le secteur industriel était dans un cycle normal. Ce n’est pas le cas. Il est en crise aiguë en Allemagne. Dans le rapport Draghi, il est question d’investissements massifs, de ruptures et de jalons pour innover et engendrer des gains de productivité.
Dans l’interview, en dépit d’inflexions on est plus dans la continuité que dans la rupture. Cela ne paraît pas à la hauteur des enjeux pour sortir l’industrie européenne de sa torpeur.
Mais le coup de grâce est probablement vers la fin de l’interview lorsqu’il est question d’accord rapide avec les USA pour éviter une guerre commerciale. Christine Lagarde partageait c’est point il y a quelques semaines.
C’est une façon de prendre acte de l’incapacité de l’Europe à se débrouiller sans les USA. L’Europe accepte ainsi de ne pas se mêler des discussions mondiales et d’accepter les positions américaines. C’est peut être une principe de réalité mais il je peut être satisfaisant.
En se liant les mains de la sorte, l’Europe devra probablement accepter que les objectifs qu’elle définie comme majeurs pourraient devenir secondaire pour se conformer aux désidératas américain. On pense ici au climat et sur la mort du net zéro que j’évoquais hier.
Source POLITICO Europe Stéphane Séjourné Lien https://politi.co/4gGBWNK